Pour les gestionnaires du crédit client, domestique et export, ce rebond était attendu mais ils avaient encore des incertitudes sur la période où il interviendrait après le faible rebond de 2022. Ce sera bien cette année : selon ses dernières prévisions pour 2023 et 2024, l’assureur-crédit Allianz Trade anticipe une hausse de + 21 % des défaillances d’entreprises dans le monde cette année, avant un ralentissement en 2024.
Cette évolution est une normalisation attendue après les baisses exceptionnelles des faillites des années Covid (2020 et 2021), attribuées aux plans d’aides massifs aux entreprises mis en place par les gouvernements. Mais le rebond est cette fois-ci très important : à l’échelle mondiale, les défaillances d’entreprises devraient croître de + 21% en 2023 avant de ralentir (+ 4%) en 2024. « Cette double hausse devrait être insuffisante pour retrouver les niveaux de prépandémie à l’échelle mondiale », indique l’assureur-crédit dans un communiqué le 11 avril.
La tendance mondiale masque de fortes divergences par pays : un pays sur deux retrouvera ses niveaux de défaillances de 2019 dès 2023, et trois sur cinq en 2024, observe Allianz Trade.
Dans les grands pays occidentaux, les progressions à deux chiffres seront légion. En Europe, sous l’effet d’une croissance au ralenti, la France enregistrera une explosion des faillites (+ 41 % en 2023, à 59 000), de même que l’Allemagne (+ 22 % à 17 800) et l’Italie (+ 24 % à 8 900). Hors zone Euro, le Royaume-Uni, enregistrera une hausse de 16 %, à 28500.
Les États-Unis ne seront pas en reste avec une hausse de + 49 %, à plus de 20 000, également due au ralentissement économique mais aussi aux conditions de crédit plus sévères. En Chine en revanche, Allianz Trade table sur + 4 %, « mais la réouverture de l’économie n’a pas fait disparaître tous les risques, notamment dans le secteur de l’immobilier ».
« Nous avons calculé que la zone euro et les USA auraient besoin respectivement de +1,3 point et +1,5 point de croissance additionnelle du PIB en 2023-2024 pour espérer stabiliser les niveaux de défaillances, commente Maxime Lemerle, responsable des Études défaillances chez Allianz Trade, cité par le communiqué. De plus, les entreprises devront se montrer vigilantes face à un éventuel effet domino : le nombre de défaillances d’entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions d’euros est désormais légèrement au-dessus du niveau de 2019. La construction, la distribution et les services sont les secteurs les plus affectés. »
L’incertitude sur la santé du secteur financier à l’échelle internationale, née à la suite des récentes faillites bancaires aux États-Unis (Silicon Valley Bank) et en Europe (Crédit Suisse), liées en partie au resserrement monétaire, s’ajoute aujourd’hui au ralentissement de la croissance comme facteur de risque pour 2023. D’après les estimations d’Allianz Trade, une crise financière similaire à celle de 2008 engendrerait 21 600 défaillances d’entreprises supplémentaires outre-Atlantique en 2023-2024, et 99 900 en Europe de l’Ouest.
A suivre…
C.G