« Vaincre la pauvreté et devenir un pays développé en 2020 », tels sont les objectifs principaux du président de la république du Chili, Sebastián Piñera, qui s´est exprimé le 20 octobre dernier au siège du Medef à Paris, devant une salle comble.
Pour l´heure, le Chili, dont l´image a été positivement porté sur le devant de la scène avec l´affaire des 33 mineurs sauvés au bout de 69 jours de l´enfer d´une mine, est en bonne voie pour atteindre ce but. Malgré le tremblement de terre du 27 février, dont le coût est estimé à 30 milliards de dollars, le président chilien table sur une croissance du PIB de 5,5 % en 2010 et de plus de 6 % en 2011. Bref, des taux qui s´approchent de ceux de l´époque du miracle chilien (1986-1997) : 7,8 % par an.
Comme dans les autres pays de la zone, c´est la demande intérieure qui tire la croissance : 165 000 emplois ont été créés pendant les cinq premiers mois de l´année 2010. Le déficit public devrait être limité à 1 % du PIB cette année.?Ce qui permet au gouvernement d´engager un plan de reconstruction sous la forme d´investissements publics à hauteur de plus de 8,5 milliards de dollars sans mettre en danger la stabilité financière du Chili. « Ce plan sera financé essentiellement par nos propres moyens », a rappelé le président chilien, dont le mandat dure jusqu´en 2014.
Ancien homme d´affaires, le chef de l´État chilien table surtout sur l´initiative privée. Le nouveau plan de concession d´infrastructures au secteur privé représente des investissements évalués à 11,5 milliards de dollars. Parmi ceux-ci, une nouvelle autoroute urbaine à Santiago, Américo Vespucio Oriente (13 km, 1,1 milliard de dollars), l´extension de l´aéroport international de la capitale (480 millions de dollars), plusieurs concessions dans les ports de San Antonio et Valparaiso (700 millions de dollars), des projets autoroutiers, six nouvelles prisons, des hôpitaux, etc.
Le retour à une croissance de l´ordre de 6 % par an devrait entraîner une forte hausse de la consommation d´énergie. La capacité de production d´électricité devrait passer de 15 200 MW en 2010 à 19 000 MW en 2015 et à 26 000 MW en 2020. Un grand projet hydroélectrique est prévu : HydroAysen (2 750 MW, 3,2 milliards de dollars). Cependant, le gouvernement table surtout sur le développement des énergies nouvelles (éolien notamment) dont la part dans la consommation énergétique devrait passer de 3,5 % actuellement à plus de 14 % en 2020.
Le secteur ferroviaire figure également parmi les priorités du gouvernement. Sébastian Piñera a annoncé la construction prochaine de deux nouvelles lignes du métro de Santiago (n° 3 et n° 6) soit un investissement global de 1,5 milliard de dollars.?Ces projets intéressent les entreprises françaises puisqu´elles ont fourni l´essentiel des matériels jusqu´ici. Le gouvernement réfléchit également à l´avenir des systèmes de transport urbain dans les principales villes du pays.
Daniel Solano
Les investissements français « doublement bienvenus »
Interrogé sur l´attitude du Chili par rapport aux investissements étrangers, Sebastián Piñera a répondu que ceux-ci sont « bienvenus », et « doublement bienvenus » s´il s´agit d´entreprises françaises. Pourtant, leur place est encore modeste. La France fournit 2,2 % des investissements étrangers et 1,6 % des importations chiliennes (16e fournisseur).
Outre les projets d´infrastructures, les occasions ne manquent pas. Le Chili, grâce à ses 21 accords commerciaux signés avec 57 pays, se veut une plateforme, notamment vers l´Asie (45 % des exportations) et l´Amérique latine (19 %). Le gouvernement souhaite développer les industries innovantes. Il cherche à attirer les talents et les entrepreneurs étrangers grâce au programme Start up Chile (www.startupchile.org).
D. S.