Bercy a publié le 5 août les chiffres du premier semestre 2022 du Commerce extérieur de la France. Le déficit commercial, évalué à 71 milliards d’euros a été plombé par le contexte international particulièrement défavorable. Mais certains secteurs sortent leur épingle du jeu. Revue de détails par secteurs et zones.
Le ministère de l’Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique a publié les résultats du Commerce extérieur du premier semestre lors d’un point presse le 5 août. Olivier Becht, ministre en charge du Commerce extérieur a présenté les 71 Md EUR de déficit commercial, un bilan « peu enthousiasmant » forcément. Il a cependant souligné que certains secteurs retrouvaient des couleurs, notamment les échanges de services qui ont également atteint un excédent « historique » de 34 Md EUR.
Cette performance est liée à la bonne santé du transport maritime, du fait du maintien à un niveau élevé des prix du fret, qui bénéficient aux grands armateurs européens et français. Le secteur des voyages poursuit également sa reprise et voit désormais son excédent dépasser son niveau d’avant-crise.
Produits agricoles et agroalimentaires, textile et produits pharmaceutiques en tête
Par secteur, les exportations ont fortement progressé pour les produits agricoles et agroalimentaires (+ 24 % par rapport au second semestre 2019) à 5 Md EUR, le textile (+ 26 %), les produits pharmaceutiques, chimiques, parfums et cosmétiques (+ 22 %) à 6 Md EUR.
Dans le détail, les exportations de blé ont augmenté de + 94 % à 3 Md EUR, quand les quantités exportées ont augmenté de + 32 %, entre 1er semestre 2021 et 1er semestre 2022. Cette différence s’explique par l’inflation des prix de marché. L’orge a progressé de + 12 % à 1,7 Md EUR. Pour les vins et spiritueux, les exportations ont atteint 9 Md EUR, contre 8 Md l’année dernière. « Elles sont dopées par le Cognac et le Champagne, qui restent les deux grands classiques », précise Olivier Becht.
L’excédent aéronautique, à + 10 Md EUR s’est redressé depuis le 1er septembre, mais reste très en dessous des chiffres d’avant-crise de 2019 (+ 15 Md EUR en moyenne, soit – 34 %). En cause ici, l’effondrement de la demande aérienne au moment de la crise Covid. « Les compagnies ont différé leurs commandes en attendant de retrouver une visibilité sur le long terme de la reprise du marché aérien », explique le ministre. Or, les chiffres du tourisme mondial sont bons et « la forte remontée va envoyer des signaux très positifs aux compagnies aériennes, dont les principales difficultés aujourd’hui est de trouver du personnel ». Le ministre s’attend à ce que les ordres de commandes reprennent, « sachant que les carnets de commandes d’Airbus sont déjà bien remplis », rappelle-t-il, confiant.
Dans une moindre mesure, les exportations automobiles reculent avec – 8 %. « On va néanmoins avoir un effet rattrapage futur », indique le ministre. Et de compléter : « sur l’automobile, les exportations progressent pour la première fois depuis 2 ans. Mais ce ne sont pas des niveaux pré-crise ». Les raisons sont nombreuses : les tensions sur l’approvisionnement dans la supply chain, en particulier dans les composants électroniques dans la voiture. « Cela a mis les chaînes de nos usines au ralenti voire pour certaines à l’arrêt pendant plusieurs semaines au cours de ce semestre », détaille le ministre.
L’Union européenne, premier marché de la France
Dans la majorité des régions du monde, les exportations ont dépassé leur niveau d’avant-crise. L’Union européenne est de loin la première contributrice au rétablissement de nos exportations (+ 22 % entre le 2nd semestre 2019 et le 1er semestre 2022). « C’est toujours un message positif important lorsqu’on a des partis politiques qui remettent en cause notre adhésion et ce que peut nous apporter l’Union européenne », se félicite Olivier Becht. Et de préciser : « quand nos exportations ralentissent avec le reste du monde, les pays de l’Union européenne restent au contraire des partenaires solides ». En particulier, l’Italie, la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas.
Les Etats-Unis restent également un marché cible pour la France, mais dans une moindre mesure avec + 15 %. Dans les autres régions du monde, hors UE, les exportations vers la Turquie bondissent (+ 30 %) et rattrapent pour la première fois leurs niveau d’avant-crise vers le Royaume-Uni. L’Asie augmente plus faiblement (1 %), portée par la forte croissance en Chine (+ 12 %).
Enfin, conséquence de l’efficacité des sanctions contre la Russie et la diversification progressive de nos importations énergétiques, les échanges avec la Russie chutent à environ – 30 % entre février et juin 2022.
Claire Pham