Les entreprises françaises connaissent mal la République démocratique du Congo (RDC), géant de l’Afrique centrale, menacé à l’est de ses frontières par des combats incessants au Sud-Kivu, Nord-Kivu et Ituri. Les chiffres de ses exportations en attestent.
D’après la base de données GTA/GTIS, la France était en 2012 le cinquième fournisseur de l’ex-colonie belge, derrière l’Afrique du Sud, la Chine, la Zambie et la Belgique, avec des importations congolaises en provenance de l’Hexagone de près de 274 millions de dollars. Au grand dam de Franck Mériau (note photo), le directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie franco-congolaise (CCIFC), qui rappelle que « 95 % du territoire fonctionnent normalement ».
Lors d’un atelier d’informations sur l’Afrique centrale, le 22 octobre à Ubifrance, le dirigeant de la CCIFC, qui représente l’agence publique en RDC, affirmait que « les hommes d’affaires ne sont jamais menacés, même dans les zones de guerre ». Dans un pays de 2,34 millions de kilomètres carrés (km2), souvent qualifié de « scandale géologique », tout est à reconstruire après des années de guerre totale ayant abouti à la chute du régime du maréchal Mobutu.
Le cuivre, l’or, le diamant, le colbalt…
Premier pays francophone du monde, le RDC aujourd’hui présidé par Joseph Kabila, successeur de son père Laurent-Désiré, assassiné en janvier 2001, détient aussi le principal potentiel énergétique et minier d’Afrique. Selon Franck Mériau, « la production de cuivre devrait rapidement doubler à 600 000 tonnes puis atteindre un million de tonne, avec un minerai d’une teneur en cuivre de l’ordre de 3 % ». En comparaison, au Chili, ce taux serait de 1 %. « Et encore, précise le directeur général de la Chambre, en RDC, on peut récupérer les déchets pour les réutiliser ».
Hormis le cuivre, il y a l’or, le diamant, le cobalt, le coltan, l’uranium, le zinc, le pétrole ou encore le potentiel hydroélectrique. L’eau, une source qui intéresse depuis des décennies le géant économique du continent, l’Afrique du Sud, qui craint toujours de manquer d’énergie pour accompagner son développement économique, industriel et démographique.
Le potentiel hydroélectrique d’Inga
Sur un potentiel hydrographique de 106 000 mégawatts (MW), le site d’Inga représente à lui-seul 67 000 MW. Situées à 250 kilomètres de Kinshasa sur un des plus grands fleuves du monde, le Congo, les barrages d’Inga 1 et d’Inga 2 ne fonctionneraient qu’à hauteur de 20 %. Mais plusieurs entreprises (China Three Gorges Corporation, Daewoo-Posco SNC, Eurofinsa-ACS) et bailleurs de fonds (Banque mondiale, Banque africaine de développement…) pourraient être attirés par un projet dont le produit serait exporté notamment en Afrique du Sud.
La RDC est une nation très jeune, puisque que 50 % de sa population a moins de 16 ans. A l’horizon 2020, le nombre total d’habitants passerait de 72 millions à 130 millions. Cet État d’Afrique centrale possède encore une vaste superficie de terres arables, de l’ordre de 1,25 million de km2, dont seulement 10 % à ce jour sont exploitées, ainsi que la plus grande forêt d’Afrique (48 % du total).
Enfin, il est membre de plusieurs unions régionales, comme la SADC (Southern African Development Community) et le Comesa (Common Market for Eastern and Southern Africa. Dans le cadre de l’intégration régionale, la RDC peut espérer être rattaché à terme à l’Égypte, via une route traversant les territoires du Soudan du Sud et du Soudan.
François Pargny