Dans un contexte où les économies des pays développés se fondent de plus en plus sur la connaissance et non plus sur la production manufacturière, le Centre d´analyse stratégique se demande dans sa dernière note de veille mensuelle comment la crise actuelle va affecter les investissements en recherche et développement (R&D) des entreprises.
Premier constat du Centre d´analyse stratégique : sans grande surprise, les entreprises ont levé le pied sur les investissements en R&D. Une enquête mondiale du Boston Consulting Group met en évidence que 14 % des entreprises ont prévu de baisser leurs dépenses de R&D en 2009, rappellent les économistes du Centre. En période de forte récession, les projets de R&D sont souvent remis à plus tard ou simplement abandonnés. Pourtant, ce phénomène n´est pas la règle et certains pays ont choisi d´investir dans la R&D malgré des épisodes de ralentissement économique.
Ainsi entre 1987 et 2006, le taux de croissance de la R&D des entreprises des pays de l´OCDE a globalement suivi le taux de croissance de la valeur ajoutée, exception faite de l´Australie et la Grèce. Cependant, cette corrélation entre croissance de la R&D et croissance de la valeur ajoutée varie selon les pays. Elle est très forte pour la Corée, l´Espagne, le Japon, le Royaume-Uni et l´Allemagne. Et plus faible en Europe du Nord, en France, en Italie et au Canada.
Reste que la mise en évidence de cette corrélation est de mauvais augure pour le futur immédiat. En période de crise, les investissements en R&D risquent en effet de continuer à perdre de la vigueur. Les analystes du Centre d´analyse stratégique rappellent ainsi que, en matière de R&D, l´effort des entreprises françaises n´est que de 1,3 % du PIB alors qu´il devrait s´élever à 2 % si l´on se réfère à la répartition de l´effort entre les secteurs public et privé telle que définie parle Traité de Lisbonne. Une évolution inquiétante, en France et dans d´autres pays de l´UE, qui poussent les analystes du Centre à s´interroger sur « l´émergence d´un nouveau modèle de croissance ». Et à engager les Etats à « développer les capacités de recherche des entreprises ».
Sophie Creusillet