Comme chaque année, Philippe Chalmin a présenté hier le rapport Cyclope 2009 qui brosse un portrait des marchés des matières premières. Des minerais et métaux à la viande porcine en passant par les marchés financiers, les produits de la mer ou encore l´art, ce pavé de 760 pages se fait évidemment l´écho de la plus grave crise que le monde ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le bilan est lourd : montée fulgurante des cours mondiaux au cours du premier semestre 2008 et chute fracassante au second, flambée de protectionnisme suite à « l´affaire de la grippe mexicaine », marchés financiers pris de folie, aveuglement général des analystes… Un indicateur résume bien la paralysie dans laquelle se trouve actuellement le commerce mondiale : le fret maritime. « C´est le marché qui a été le plus fou en 2008 », lance Philippe Chalmin, professeur d´histoire économique à Paris-Dauphine.
Ainsi, en mai 2008, un « capesize » (un bateau tellement gros qu´il ne peut pas passer par le canal de Suez) pouvait se louer 200 000 dollars par jour. En décembre 2008, le même bateau coûtait entre 3 000 et 4 000 dollars par jour. En novembre 2008, les tarifs du fret maritime ont plongé de 93 % par rapport au mois de mai de la même année…
Pourtant, malgré ce tableau très sombre de l´économie mondiale, Philippe Chalmin aperçoit une lueur d´espoir : « Je pense que le FMI noircit le tableau : nous disposons d´éléments qui laissent penser que les Etats-Unis ont passé le pire. Les prévisions chinoises d´une croissance de 8 % en 2009 sont atteignables. Pour l´instant ces deux réacteurs de l´avion de l´économie mondiale ne fonctionnent pas de manière harmonieuse, mais le pire est derrière nous ». Et l´économiste d´ajouter : « sauf si nous connaissons une nouvelle crise bancaire majeure, ce qui peut toujours arriver ».
Sophie Creusillet
Rapport Cyclope 2009, « Vertiges et déboires », Editions Economica, 115 euros.