Yoplait peut-il être chinois ? Bright Food, géant chinois de l´agroalimentaire, a proposé 1,7 milliard d´euros pour le rachat de 50 % du groupe français Yoplait récemment mis en vente par le fonds d´investissement PAI. Wang Zongnan, son P-dg, entend ainsi suivre la voie d´internationalisation engagée par de nombreuses sociétés chinoises tentées ces dernières années par des rachats à l´étranger (1).
Présent aussi bien dans les produits laitiers, que dans la confiserie, la viande, l´eau minérale et les commerces de proximité, Bright Food est un « poids lourds » de l´agroalimentaire chinois, quasiment inconnu en Europe ou sur d´autres marchés. Chaque jour, ce sont notamment des dizaines de millions de packs de lait et de yaourt, labellisé Bright Dairy (marque phare du groupe, cotée en Bourse) que cette entreprise d´Etat écoule dans tout l´Empire.
Mais ça ne suffit pas. Wang Zongnan a en effet promis, comme le rappelait il y a plusieurs jours le quotidien économique Beijing Business Today, de doubler ou presque « le chiffre d´affaires de Bright Food d´ici à 5 ans ». Solution retenue : l´expansion hors de Chine. Une stratégie amorcée l´année dernière déjà alors que le groupe rachetait, contre 35 millions d´euros, 51 % du néo-zélandais Synlait en même temps qu´il tentait plusieurs OPA, toutes contrées, sur United Biscuits (qui possède notamment les gâteaux nantais BN) ou encore le sucrier australien CSR.
En mettant 1,7 milliard d´euros sur Yoplait – la meilleure offre – Bright Food entend faire la différence sur ses concurrents (8 au total : les français Bel et Lactalis, le suisse Nestlé, l’américain General Mills, le mexicain Lala et trois fonds d’investissements, Lion Capital, Axa Private Equity et Bain Capital) et convaincre ainsi le board de PAI. Sera-ce suffisant ? Pas sûr. L´appétit grandissant de ce groupe chinois pourrait en effet être mal perçu par les actuels actionnaires du roi du yaourt « made in France »…Réponse d’ici fin mars, date à laquelle le futur repreneur devrait être choisi.
Pierre Tiessen, à Pékin
(1) Selon des estimations récentes, les groupes chinois auraient investi à l´étranger – hors secteur financier – plus de 50 milliards de dollars en 2010 (six fois plus qu´il y a 5 ans).