L’Inde a pris du retard dans le domaine portuaire. De gros chantiers se profilent dans les années à venir. Les acteurs français du secteur doivent s’y intéresser.
Avec ses 7 517 km de côtes, ses 12 ports principaux et ses 187 ports secondaires, l’Inde pourrait faire figure de géant maritime. La réalité est plus nuancée. Selon le Port de Rotterdam, mandaté en 2007 par l’Indian Port Association pour effectuer une évaluation des 12 principaux ports du pays (75 % du trafic total), les infrastructures sont « vieillissantes », les systèmes de manipulation du fret « anciens et inefficaces », les connexions avec l’hinterland « peu nombreuses », les tarifs « élevés », et le service « médiocre ». Face à ce constat peu compatible avec le statut de grande puissance économique en devenir du pays, le ministère des Transports a initié 276 projets de développement destinés à doubler la capacité des ports principaux, qui ont traité 560 millions de tonnes en 2010 (voir tableau page suivante). Un montant d’environ 15 milliards d’euros (20,8 milliards de dollars) a été prévu pour ces chantiers, dont 2,3 milliards ont déjà été investis. Le gouvernement indien prévoit, pour l’année 2011-2012, un trafic de 615,7 millions de tonnes (876,7 millions avec les ports secondaires). Il y a cinq ans, les experts néerlandais étaient nettement plus optimistes : ils escomptaient 740 millions de tonnes pour la même période. Ce différentiel s’explique en partie par la lourdeur de l’administration indienne, qui ralentit la mise en place des partenariats public-privé.
En outre, les modes de transport du fret depuis et vers l’hinterland sont encore loin des standards européens ou nord-américains. Ainsi, le port Jawaharlal Nehru de Mumbai, par qui passe l’essentiel du trafic de conteneurs, est relié à la capitale New Delhi via Ahmedabad par la route la plus encombrée du sous-continent, sur laquelle les distances se comptent en heures plutôt qu’en kilomètres.
Malgré l’ampleur du chantier de modernisation de ses infrastructures, l’Inde possède une situation géographique idéale, à mi-chemin entre l’Europe et la Chine. Mais il lui faudra mettre les bouchées doubles si elle veut que ses ports rivalisent avec Dubaï, à l’ouest, et Singapour, à l’est, sur le marché en plein boom des conteneurs.
Patrick Capelli