Après 11 jours de débrayages de 4 heures et une opération « ports morts » en février, la CGT Ports et docks hausse le ton en mars avec de nouveaux arrêts de travail. Ce mouvement social perturbe l’activité des chargeurs et n’est pas sans conséquence sur celle des autres ports européens.
[Mis à jour le 5 mars, à 11H30, ajout des recommandation d’Ovrsea]
Les dockers haussent le ton. La Fédération Nationale des Ports et Docks CGT (FNPD-CGT), en conflit avec le gouvernement sur la réforme des retraites a en effet annoncé de nouvelles grèves en mars. Au programme, dans les ports du Havre, de Calais, Rouen, Marseille-Fos, Saint-Nazaire et Bordeaux : des débrayages de 4 heures (en général entre 10 heures et 16 heures) les 4,6, 10, 12, 14, 24, 26 et 28 mars, trois jours de lock-out (grèves de 72 heures) les 18,19 et 20 mars, dont une journée morte (le 18).
Bénéficiant d’un statut particulier, les dockers de Dunkerque ne se sont pas joints à ce mouvement social en février. En mars, si le port continue d’assurer le traitement des marchandises, la FNPD-CGT a néanmoins prévu un arrêt de travail du 5 au 7 mars touchant notamment le terminal à conteneurs.
En outre, les heures supplémentaires et les shifts exceptionnels ne seront pas effectués. Les grévistes entendent notamment faire plier le gouvernement au sujet de la réforme des retraites de 2023. Ils réclament un âge de départ à 58 ans au lieu de 62, une reconnaissance de la pénibilité de leurs conditions de travail ainsi que celle du dispositif amiante. Dans un courrier adressé au président de la République, la FNPD-CGT lui rappelait fin février sa promesse d’exclure les ouvriers portuaires de la réforme, en avril 2022.
Report sur d’autres ports européens
Ce mouvement social n’est pas sans conséquences sur l’activité. Selon les calculs de l’Union des entreprises transport et logistique de France (TLF), en février, cette situation a provoqué des surcoûts opérationnels de 23 % en moyenne, une perte de 21 % du chiffre d’affaires en janvier et de 25 % en mars. Chaque journée de blocage total génèrerait une perte de 40 millions d’euros pour l’économie nationale.
Par ailleurs, ce mouvement social dans les ports français perturbe également d’autres ports européens. Selon l’UTLF, plus de 40 % des conteneurs à destination de la France transitent désormais par les ports concurrents européens (Anvers, Rotterdam, Barcelone, Gênes), créant un surcroît d’activité et des retards.
A Anvers, « les flux supplémentaires provoquent une importante congestion portuaire » tandis qu’à Rotterdam le fonctionnement du port a déjà été perturbé par une grève sur le terminal Hutchison Port Delta II : cette surcharge d’activité arrive donc alors que le port tourne au ralenti et a pris du retard sur le déchargement des navires.
La situation pourrait encore se durcir si les négociations avec le gouvernement ne reprennent pas. Une assemblée générale des organisations syndicales doit se tenir le 25 mars et fixer la suite des actions à mener.
En attendant, dans sa dernière newsletter Le Chargeur, diffusée le 5 mars, le commissionnaire de transport en ligne Ovrsea prévient : « en l’état, Héloïse Roux, Procurement Manager chez Ovrsea, déconseille fortement d’utiliser Le Havre à l’export. Il est préférable de se rabattre sur d’autres ports comme Anvers, Dunkerque, Rotterdam ou Zeebruges ». Et pour l’import, estime-t-il, « c’est encore plus compliqué, puisque la marchandise est déjà en mer à destination du Havre, et tout changement viendrait avec un important surcoût ».
Sophie Creusillet
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