Le rapport de la Cour des comptes, remis le 14 janvier au secrétaire d´Etat au Transports, Thierry Mariani, doit être rendu public le 17 février. Selon des informations qui ont filtré dans le Figaro jeudi dernier, la Cour dénonce les rémunérations injustifiées de la plupart des salariés de la manutention portuaire à Marseille. Les conducteurs de grues et de portiques ne travaillent de façon effective que quatorze heures par semaine à Fos et douze heures à Marseille, pour une rémunération comprise entre 3 500 et 4 500 euros nets, grâce à des systèmes de gratifications peu lisibles. Résultat, la masse salariale du port a augmenté de 18,5 % entre 2004 et 2008, alors que les effectifs auraient dû diminuer, conformément au plan de l’entreprise.
En l´espace de vingt ans, le port de Marseille a été déclassé du deuxième au cinquième rang européen, perdant inexorablement des trafics. La Cour attribue ce déclin à la non-fiabilité du port, particulièrement au nombre record de mouvements de grève, quasiment un chaque année, avec des blocages de très longue durée (33 jours en 2010). Le dernier conflit social, lié à la réforme des retraites, a coûté 4 milliards d’euros au port de Marseille.
Ce dernier affiche un trafic de 86 millions de tonnes pour 2010, en progression de seulement 3 % par rapport à 2009 quand ses concurrents européens enregistrent des progressions moyennes de trafic de 7 à 8 %. Plus inquiétant, en 2011, la grève des dockers dure depuis trois semaines. Cela augure mal pour la compétitivité du premier port français, mais aussi du Havre, second port du pays. Rappelons que si Marseille a perdu 20 escales en 2010 et 1,4 million de tonnes de trafic, le grand port du Havre a déjà perdu 50 escales de navires porte-conteneurs sur les 120 escales prévues, pertes consécutives aux seules grèves du mois de janvier.
Gilles Naudy