La Commission a effectué les premiers versements aux États dans le cadre du plan de relance européen Next Generation EU, qui entend booster la transition verte et le numérique. Deux filières qui pourraient, grâce à ces investissements massifs, multiplier les opportunités pour les PME et startup françaises partout en Europe. Revue de détails.
Qualifié d’« opportunité du siècle pour l’Europe » et de « moment historique » par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le plan de relance de 750 milliards d’euros (Md EUR) commence à produire ses effets. Après trois émissions obligataires couronnées de succès, Bruxelles a levé 45 Md EUR et commencé à verser les premiers préfinancements aux programmes des différents plans de relance nationaux.
Via la FRR, la facilité pour la reprise et la résilience qui totalise 90 % du budget de ce plan sous forme de prêts et de subventions aux États membres, la Belgique a ainsi perçu 770 millions d’euros (M EUR), la France 5,1 Md EUR, la Grèce 4 Md EUR, l’Italie 24,9 Md EUR, la Lituanie 289 M EUR, le Luxembourg 2,1 M EUR, le Portugal 2,2 Md EUR et à l’Espagne (9 milliards d’euros) et à l’Allemagne (2,25 milliards).
Des plans de relance passés à la loupe par Bruxelles en moins de deux mois
Sur les 27 pays de l’Union, seuls les Pays-Bas et la Bulgarie n’ont pas encore fait parvenir leurs plans de relance nationale qui doivent être validés par la Commission. Un retard qui s’explique par la tenue d’élection dans ces deux pays et n’empêche pas les échanges de se poursuivre selon une source proche du dossier.
En moins de deux mois, la Commission a adopté les plans de 18 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Croatie, Chypre, le Danemark, la France, la Grèce, l’Italie, l’Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, le Portugal, la Slovénie, la Slovaquie et la République tchèque.
Le Conseil n’a pas approuvé le plan de ce dernier pays, ni celui de l’Irlande, ce qui devrait être chose faite lors du prochain Conseil Ecofin, le 10 septembre.
En outre, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Finlande, Malte et l’Estonie ont demandé un délai supplémentaire de deux mois, prévu par la Commission afin de laisser le temps aux États de peaufiner leurs plans de relance nationaux, qui conditionnent l’obtention de prêts et de subventions. Pour y prétendre, ils doivent en effet consacrer au moins 37 % du budget à la transition verte et 20 % au numérique.
Des investissements colossaux dans l’économie verte et le numérique
Ainsi l’Italie, principale bénéficiaire des fonds de Next Generation UE, nom officiel du plan européen, avec un total de 191,5 Md EUR d’ici à 2026, a présenté 190 mesures dont 58 réformes et 132 investissements, et 525 objectifs à atteindre.
La transition verte concentre à elle seule 68,6 Md EUR avec des investissements dans les énergies renouvelables, en particulier l’hydrogène. Le budget prévu pour le numérique (49,2Md EUR) devrait notamment permettre à l’Italie de se doter d’une connexion internet de dernière génération, sans zones blanches. Les infrastructures ne sont pas en reste (31,4 Md EUR) avec la modernisation des lignes régionales de chemin de fer et le train à grande vitesse.
Le plan allemand prévoit quant à lui 14 Md EUR (50 % de son budget) pour le numérique et 11,5 Md EUR (40 %) à des actions en faveur du climat. Comme beaucoup de pays à l’heure actuelle, l’Allemagne souhaite elle-aussi développer une filière hydrogène compétitive pour lutter contre les émissions de gaz.
La mise au point de technologies rendant cette énergie propre accessible passera d’ailleurs par une coopération franco-allemande. En effet, cette énergie, qui a actuellement le vent en poupe, coûte trois fois plus cher quand elle est produite avec de l’électricité renouvelable ou décarbonée que l’hydrogène « gris », issu des hydrocarbures. Les deux pays coopèrent déjà dans cette filière qui a besoin d’investissements publics colossaux pour se développer et devenir rentable. Les plans français et allemand prévoient de lui consacrer quelque 15 Md EUR.
La coopération franco-allemande déjà à l’oeuvre
Sur le terrain, les industriels ont déjà annoncé des projets en coopération, à l’instar d’Air Liquide et Siemens Energy, en février dernier. Les deux géants comptent développer la production d’électrolyseurs de nouvelle génération en Europe et d’ouvrir la voie à la création d’un écosystème de premier plan qui bénéficierait à tous les constructeurs automobiles européens.
Les projets dans le domaine de l’hydrogène se multipliant, la Chambre de commerce franco-allemande a organisé, avec Air Liquide, France Hydrogène et l’association allemande de l’hydrogène et des piles à combustible DWV, une conférence initiant un cadre d’échange permanent sur l’hydrogène décarboné.
Partout en Europe, qu’il s’agisse de mobilité douce, d’énergies bas-carbone, de réseau Internet, de lignes de train ou de rénovation de bâtiments, des secteurs entiers vont bénéficier de programmes publics. Des investissements bienvenus dans des filières d’avenirs où les grandes entreprises françaises, mais aussi les PME et startup, ne sont pas en reste.
Sophie Creusillet
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