C’est dans le salon Michel Debré de l’Hôtel des Ministres dont la salle était presque comble que la passation de pouvoir s’est faite aujourd’hui, à 11h06, à Bercy entre Pierre Moscovici, ancien ministre de l’Économie et des Finances, et ses successeurs Michel Sapin, le nouveau ministre des Finances et des Comptes publics, et Arnaud Montebourg, nouvellement nommé à l’Économie. Si Bernard Cazeneuve, ancien ministre en charge du Budget (promu à l’Intérieur) était présent lors de la passation de pouvoir, Benoît Hamon, ancien ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire et à la Consommation (promu à l’Éducation) est arrivé peu de temps après le début de la cérémonie. Quant à Sylvia Pinel, ancienne ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme (promue au Logement) sa venue était prévue à 11h45 dans le cadre de la cérémonie de passation des pouvoirs entre Benoît Hamon et Arnaud Montebourg.
Deux grandes absentes : Nicole Bricq, ex-ministre du Commerce extérieur, tout comme Fleur Pellerin, ex-ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique, autre figure de Bercy, pressentie pour lui succéder. Le sort de cette dernière n’étant pas encore scellé.
A quel ministère sera-t-elle rattachée ? À Bercy sous la tutelle d’Arnaud Montebourg ou au Quai d’Orsay sous la tutelle de Laurent Fabius qui garde ses fonctions de ministre des Affaires étrangères mais s’est vu adjoindre le Développement international ? Aucune précision n’a pu être obtenue à ce sujet dans l’entourage des ministres présents…
« Le moment est donc venu pour moi de quitter le ministère et les fonctions que j’ai tant aimé exercées », a déclaré Pierre Moscovici devant les administrateurs de Bercy venus nombreux pour assister au discours de départ de leur ancien patron. « Bercy, a-t-il déclaré, a été au cœur des réformes », rappelant les mesures de financement de l’économie et le pacte de stabilité. « Il n’y a pas de diplomatie économique sans Bercy, a-t-il tenu à préciser. Bercy a été au cœur de la diplomatie économique (…). La diplomatie économique est indispensable à une politique internationale ».
Le ministre a ainsi rappelé ses nuits passées sur les dossiers de la Grèce et de Chypre. « C’est une activité prenante, chronophage (…), mais passionnante », a-t-il confessé. Et de rappeler le rapport d’Hubert Védrine sur l’Afrique qui lui avait été remis en décembre 2013. L’occasion de rappeler également son déplacement au Nigeria les 28 et 29 mars. Le ministre avait participé à la septième conférence conjointe des ministres de l’Économie et des Finances de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations unies. S’agissant toujours du rôle du ministère de l’Économie sur la scène internationale, Pierre Moscovici a rappelé la participation de la France au G20.
« C’est à Arnaud Montebourg et Michel Sapin de prendre le relais. Je leur souhaite la réussite car la France a besoin de cette réussite. « Il faut faire aimer la France en Europe et faire aimer l’Europe aux Français, (…) c’est à cela que j’aspire à me consacrer », a-t-il ajouté.
« Les Français, a déclaré le nouveau ministre des Finances, Michel Sapin, veulent des résultats. Cela fait des années qu’on parle de crise, des année et des année qu’on parle de l’effort ». « Je sais que certains s’interrogent, comment Bercy peut-il avoir deux têtes ? (l’Économie et les Finances) », a-t-il ironisé faisant référence à la presse qui parle d’un « Cerbère à deux têtes ». En effet, après « L’hydre à sept têtes » (cf. L’Expansion), ce sont deux ministres qui dirigeront Bercy et non plus sept. « Il ne faut pas lire la presse », a-t-il plaisanté, laissant à cette occasion des rires s’échapper dans la salle. « Dans quelques jours, a-t-il poursuivi sur un ton plus sérieux, vous aurez le sentiment de la cohérence, de la cohésion et de l’action ».
De son côté, le nouveau ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique Arnaud Montebourg, a tenu à remercier chaleureusement Fleur Pellerin son ancienne ministre déléguée, chargée de l’Économie numérique qui devrait prendre le secrétariat d’État au Commerce extérieur dans le gouvernement de Valls. Mais l’intéressée n’était pas là, bien que Arnaud Montebourg ait laissé entendre qu’elle pourrait les rejoindre en cours de route.
Venice Affre