Alors qu’un Sommet Union européenne – Union africaine se tient cette semaine à Bruxelles (17-18 février), sous présidence française de l’UE (PFUE), Franck Riester animera à Marseille et Paris une nouvelle séquence africaine tournée vers l’entrepreneuriat, en présence du ministre sénégalais Papa Amadou Sarr, en charge de l’Entrepreneuriat rapide. Principal temps fort : le lancement officiel d’une nouvelle plateforme de mise en relation des entrepreneurs africains et français.
Depuis quelques semaines, le ministre français en charge du Commerce extérieur ne manque pas une occasion de marteler aux entreprises françaises « osez l’Afrique ». Franck Riester devrait le redire le 15 février à Marseille, lors d’une visite de l’accélérateur de startup M, un incubateur de la Métropole Aix Marseille Provence très tourné vers le continent africain, suivi d’un webinaire sur le plan de relance export et les dispositifs spécifiques pour le continent africain.
Mais c’est le 16 février à Paris, dans l’enceinte de Station F, autre incubateur fameux de startup, qu’il doit officiellement lancer une nouvelle plateforme en ligne : Afrique-France Entrepreneurs, en présence du ministre sénégalais Papa Amadou Sarr, un des acteurs de la relance de l’entrepreneuriat au Sénégal. Un lancement en marge d’un gros événement de l’Agence française de développement (AFD) sur « une nouvelle alliance euro-africaine pour l’investissement durable » dans le cadre de la PFUE, prévu à la Station F l’après-midi.
Concrètement, Afrique-France entrepreneurs est une communauté créée dans un nouvel espace ouvert aux entrepreneurs français et africains sur la plateforme Euroquity par Bpifrance. Cette dernière y développe déjà toute une communauté pour les entreprises qu’elle soutient et les investisseurs avec lesquels elle travaille.
Surfer sur la dynamique du Sommet de Montpellier
Pour démarrer, sera intégré le vivier des nombreux contacts noués dans la diaspora africaine en France, notamment via le tour de France des diasporas et de la diversité mené l’an dernier avec le Conseil présidentiel pour l’Afrique, mais aussi les 400 entrepreneurs africains ayant participé au dernier Sommet Afrique-France de Montpellier le 8 octobre dernier.
Chaque membre de la communauté pourra créer son profil et présenter son activité, avec possibilité d’échanger avec les autres membres. Ils auront en outre un « accès dédié à nos ambassades », qui auront pour mission de promouvoir la visibilité de ce nouvel écosystème et de le connecter à d’autres écosystèmes.
« Dans un premier temps, la plateforme sera globale et permettra à chaque entrepreneur venu à Montpellier de se connecter, souligne-t-on au Quai d’Orsay. Dans un second temps, seront développées des plateformes par pays ». Ambassades, opérateurs (Bpifrance, Business France…) seront chargés de faire la promotion de cette nouvelle communauté pour en nourrir le développement.
L’initiative, qui vise à intensifier les liens et passerelles entre les entreprises françaises et les entreprises africaines, notamment les PME, s’inscrit dans la droite ligne de l’un des axes forts de la politique africaine d’Emmanuel Macron, annoncée dans un discours fondateur à Ouagadougou en 2017, qui mise sur le partenariat public-privé et un renouveau des relations entre secteurs privés des deux continents.
« Cet outil de mise en réseau nous est demandé non seulement par les participants au Sommet de Montpellier, mais aussi par les entreprises qui participent à des programmes comme Passe Africa ou l’Accélérateur Afrique, et des associations d’entreprises franco-africaines comme Africalink », complète-t-on.
L’enjeu est de contribuer au renforcement des relations économiques entre la France et l’Afrique et à la promotion des investissements privés sur le continent. Surtout ceux des PME françaises, et notamment de celles qui n’ont pas encore l’Afrique dans leur viseur.
D’après les chiffres fournis par le Quai d’Orsay, la présence française, marquée par une forte implantation locale, reste non négligeable, malgré un recul global de sa part de marché commerciale sous l’effet de la concurrence, notamment chinoise : les exportations vers l’Afrique ont atteint 26 milliards d’euros en 2020, et près de 7000 entreprises françaises y sont implantées, soit une augmentation de 60 % en 20 ans, employant 620 000 personnes, à 95 % locales.
Depuis 2017, Paris, qui considère l’Afrique comme le continent du XXIème siècle, a multiplié les initiatives visant à rapprocher les milieux d’affaires français et africains et à y promouvoir les investissements et l’offre française dans les secteurs du développement durable : initiative Choose Africa (qui a permis de lever 3,5 milliards d’euros via divers fonds pour soutenir les projets africains et franco-africains), Accélérateur Afrique, partenariat Bpifrance-AFD, nouveau Sommet Afrique-France plus orienté sur le secteur privé…
Christine Gilguy