Alors que la Mongolie, grâce à ses ressources minières et sa proximité avec la Chine, a connu un décollage économique ces dernières années, l’assureur-crédit export Credendo (ex-Ducroire) appelle à la prudence. Dans sa dernière évaluation du risque sur ce pays, la société belge lui attribue la note de 2 sur 7 pour le risque politique à court terme, ce qui à priori semble plutôt favorable « après la confortable réélection du pro-business président Tsakhiagiin Elbegdorj en juin dernier », mais, en fait, correspond à une certaine détérioration.
Car, si jusqu’aux élections législatives de 2016 – auxquelles succèderont l’année suivante le scrutin présidentiel – Credendo table sur le maintien de stabilité politique, l’assureur crédit s’inquiète dès maintenant des répercussions de la chute sensible des exportations et des investissements directs étrangers (IDE) en Mongolie. Jusqu’au vote final dans ce pays de la nouvelle loi sur l’investissement en 2013, la Chine a consommé moins de matières premières et les investisseurs sont restés sur la réserve. Du coup, la Mongolie est confronté à un double déficit – de ses comptes courants et de son budget – alors qu’elle est très dépendante des cours des minerais, et que ceux-ci sont à la baisse.
Risque commercial très élevé et politique à moyen et long terme élevé
Pire, s’agissant du risque commercial, la Mongolie est classée en catégorie C, soit la plus mauvaise possible, en raison des pressions continuelles exercées sur sa monnaie, qui est surévaluée. Elle est aussi très mal notée, avec 5 sur 7, quant au risque politique à moyen et long terme. L’assureur crédit belge pose clairement la question de la gestion des ressources naturelles et du risque de corruption des élites. Or, selon lui, « l’insuffisante redistribution des revenus massifs des mines », dans un contexte marqué encore par une grande pauvreté, un creusement des inégalités ou un manque d’emplois, constitue déjà un facteur possible d’instabilité.
Tout n’est pas négatif. « Le président Elbegdorj est parvenu à améliorer le cadre légal de l’investissement, les pratiques dans les affaires, la transparence dans les comptes publics et à renforcer les jeunes institutions mongoles », détaille Credendo. Et la loi sur l’investissement est très ouverte aux IDE.
Certes, dans des industries jugées stratégiques, les intérêts locaux doivent rester majoritaires, vraisemblablement pour éviter une main mise chinoise sur l’économie, notamment les mines. Ce petit pays de 2,8 millions d’habitants, exportateur de charbon et de cuivre (près de la moitié de ses exportations totales), a, toutefois, la volonté de diversifier ses partenariats en se tournant vers l’Occident. Finalement, en matière d’investissement, les « quelques restrictions sont mineures », juge Credendo. Dans certains domaines, comme les mines, les télécommunications, la banque, l’Agence publique d’investissement doit autoriser les IDE à partir d’un certain montant d’investissement.
F. P.