« Ne pensez-pas que le Mexique est une chasse gardée des États-Unis soulignait récemment, à l’attention des entrepreneurs français, Alexandre Surman, directeur commercial de Reed Exhibitions Mexico. Ce marché de plus de 120 millions d’habitants change. Certains secteurs se développent comme le commerce de détail, la pharmacie, l’aéronautique, la construction, la sécurité, ou les technologies de l’information, secteur dans lequel la French Tech pourrait se placer. En outre, toute la production, l’assemblage automobile au Mexique se recentre sur Mexico, qui devient un hub logistique pour l’exportation dans le monde ».
Venu à Paris à l’occasion de la Retail Week (12-14 septembre), ce Français, ancien spécialiste des fusions-acquisitions dans plusieurs banques d’affaires internationales, a dévoilé à la Lettre confidentielle un nouveau projet de salon, qui justifiait qu’il se rendre à la Retail Week pour convaincre des sponsors et des entreprises d’exposer à cette nouvelle manifestation. Il s’agit du Sommet E-Comm, le salon du e-commerce que Reed Exhibitions Mexico va lancer dans la capitale mexicaine en août 2017.
Une tournée européenne centrée sur la logistique
Dirigé par Philippe Surman, le frère d’Alexandre, la filiale du groupe Reed entend surfer sur le boom du e-commerce au Mexique, de l’ordre de 400 % ces six dernières années. « C’est dès maintenant qu’il faut y aller. Il y a un marché à développer. Les Mexicains sont encore réticents à utiliser Internet pour leurs achats, car il y a eu beaucoup d’escroquerie à la carte de crédit. Le Mexique est le deuxième pays d’Amérique latine, après le Brésil, pour la cybercriminalité, ce qui explique que nous avons lancé cette année dans la capitale le salon Infosecurity », a ainsi expliqué à la LC Alexandre Surman.
En 2015, le commerce sur Internet a augmenté de 31 % en 2015, dépassant la barre des 4 milliards de dollars. Un joli chiffre déjà, mais appelé à croître rapidement, si l’on en croit les prévisions : ce montant pourrait atteindre 7,92 milliards de dollars en 2020, d’après Reed Exhibitions Mexico, et les abonnements par l’Internet mobile générer 81 millions la même année, contre 53 millions l’an dernier.
La France était la première étape d’une tournée européenne devant amener Alexandre Surman tour à tour au Royaume-Uni, en Allemagne et en Belgique. Avec, pour objectif principal, de promouvoir Intralogistics Latin America, le salon de la logistique qui réunit 50 exposants à côté d’Expocarga, qui, lui, accueille 250 participants. « Mon but pour les deux manifestions est d’attirer 500 à 600 professionnels », a encore confié notre interlocuteur. Alors que Philippe Surman, ancien directeur Air France Cargo au Mexique, s’est rendu du 7 au 10 juin à la grande messe de Chicago, Internet Retailer Conference & Exhibition (IRCE), Alexandre, pour sa part, après Paris, a réservé sa deuxième étape au grand salon International à Birmingham, Materials Handling Exhibition (IMHX).
La semaine prochaine, il sera présent à Hambourg, notamment pour convaincre l’Autorité portuaire de participer aux salons de la filiale de Reed à Mexico. « Mon idée est de connecter les ports européens et latino-marocains », a révélé le directeur commercial, tout en regrettant le peu d’intérêt des ports français, « qui ne veulent pas s’engager, mettant en avant le fait que les lignes de MSC et CMA-CGM sont déjà saturées », alors que « justement, affirmait-il, leur présence permettrait de développer le business et donc le trafic entre l’Europe et l’Amérique du Sud ». Après l’Allemagne, la semaine prochaine, Alexandre Surman visitera à Bruxelles le salon Logistics & Distribution, les 21 et 22 septembre, et rencontrera les responsables de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex).
Reed croit à ce marché d’Amérique depuis 2011
Philippe et Alexandre Surman connaissent bien le Mexique. Les deux frères ont commencé ensemble en y créant Fidalex, société spécialisée dans l’édition d’annuaires pour l’industrie. Une activité qu’ils ont fait fructifier en se diversifiant au bout de cinq ans dans l’organisation de salons, le premier – salon national qui existe toujours – dans les ressources humaines. « On connaissait Reed depuis 2012 et c’est en octobre 2014 que nous lui avons vendu la dizaine de petits salons que l’on avait ouverts », nous a relaté Alexandre Surman.
Le groupe Reed, qui s’était retiré du Mexique au moment de la crise économique (1994-1995), y est revenu en achetant trois gros salons à des propriétaires différents dans la sécurité (2011), la quincaillerie, l’outillage (2013) et les fournisseurs des salons de beauté (2014). « Les événements de Fidalex étaient beaucoup plus petits, car récents, mais correspondaient parfaitement aux profils des salons de Reed dans le monde. En outre, le groupe a été séduit par la bonne organisation de notre société, dotée d’une équipe de spécialistes par secteur ».
Aujourd’hui, plusieurs salons ont une dimension internationale, comme le salon du tourisme d’affaires ibtm latin america, pour lequel l’agence Atout France monte un pavillon collectif, et Ferretera, le plus grand salon du pays, avec 60 000 m2 de surface, 80 000 visiteurs et 1 200 exposants, qui se tient en septembre à Guadalajara. Il s’agit aussi du numéro un en Amérique latine dans son domaine (matériel électrique et de construction, outillage, sécurité industrielle, éclairage, abrasifs, etc.), mais, à ce rendez-vous professionnel, les Français sont rares.
François Pargny
*A paraître le 27 octobre, Moci n°2020-2021 spécial Foires et Salons France-Monde 2017
Pour prolonger :
– Foires et salons / International : l’UFI confiante pour 2017, malgré des divergences régionales
– Salons / France : entre Brexit et menace terroriste, comment Promosalons navigue entre opportunités et risques
– Guide de la logistique & des transports à l’international – 7e édition, 2016