A l’occasion de la tenue à Paris de l’assemblée générale de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le ministre de l’Agriculture du Brésil, Blairo Maggi, a clairement affirmé la volonté de son pays d’aboutir à un accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne (UE), tout en rappelant fermement ses positions. Sur la viande bovine, les propositions de la Commission demeurent à ses yeux insuffisantes. Le Brésil souhaite vendre davantage en Europe. Blairo Maggi a indiqué que le Brésil commercialise 100 000 tonnes (s) par an dans I’UE actuellement alors que, dans le passé, ce chiffre a atteint 400 000 t. « Nous ne voulons pas que ce marché soit fermé », a-t-il ajouté.
João Martins, président de la Confédération brésilienne de l’agriculture et de l’élevage (CNA), l’équivalent brésilien de la FNSEA, a estimé, pour sa part, que le marché européen, en raison du niveau élevé de ses exigences, est un « passeport » pour exporter vers le reste du monde. Le Brésil a exporté près de 2 millions t en 2017.
Divergences sur les IGP , le lait, le vin…
Même si le ministre brésilien estime que la conclusion de l’accord Mercosur-UE est « proche », il n’a pas donné de dates précises sur les prochaines étapes de la négociation. Sur le volet agricole, il a rappelé les autres points de discorde. Sur les indications géographiques protégées (IGP), par exemple, les divergences persistent : « c’est un sujet sensible », selon Blairo Maggi.
Pour ce qui est des produits laitiers, le ministre a rappelé que le secteur est constitué de petits producteurs, « qui ne bénéficient pas de subventions », d’où la crainte d’une libéralisation qui mettrait le secteur en danger. Sur les vins, l’obstacle est différent : le Brésil et l’Argentine n’ont pas la même vision de la libéralisation, ce dernier pays ayant une industrie bien plus développée.
Un système de traçabilité de la viande bovine
La délégation brésilienne a effectué un vigoureux plaidoyer sur les aspects environnementaux. Le ministre a rappelé la faible consommation annuelle d’engrais par hectare (1,2 kilo au Brésil contre 2,4 en France et 4,6 aux Pays-Bas) et l’existence du Code forestier, qui a nécessité 9 ans de discussions au parlement brésilien, en vue de préserver notamment la forêt amazonienne.
Joao Martins a présenté Agri Trace, un système de traçabilité de la viande bovine brésilienne mis en place par la CNA. Tereza Cristina, député de l’État agricole du Mato Grosso do Sul et présidente du Front parlementaire de l’agriculture et de l’élevage (FPA), qui rassemble députés et sénateurs intéressés par le secteur, a évoqué la réforme de la législation sur les pesticides, en discussion actuellement à la chambre des députés. Enfin, le Brésil a été déclaré libre de la fièvre aphteuse avec vaccination à l’occasion de la réunion de l’OIE.
Daniel Solano