Les faibles taux d´intérêts des pays développés et la confiance des investisseurs dans les économies asiatiques provoquent un raz de marée de capitaux spéculatifs en Asie. Et une forte montée des devises locales. Un phénomène dont s´inquiète la Banque mondiale dans un rapport sur les économies d´Asie orientale (hors Japon et Corée du Sud), publié le 19 octobre.
Selon la Banque, cet afflux de capitaux étrangers, estimé pour 2010 à 343 milliards de dollars en solde net par l´Institute of International Finance, est le principal responsable d´une « montée de 10 à 15 % de la valeur des monnaies de la région par rapport à leur niveau d´avant la crise ». Si les exportations des pays d´Asie orientale restent « vigoureuses », la Banque relève qu´une « poursuite de l´appréciation de leurs monnaies pourrait ralentir leur croissance ». Et du coup, ralentir la croissance mondiale.
Avec une croissance de 8,9 % attendue en 2010, l´Asie du Sud Est et la Chine sont en effet la locomotive de l´économie mondiale. En outre, cette hausse des devises fait craindre un retour à des mesures protectionnistes, destinées à maintenir des cours au plus bas et donc à soutenir les exportations. De fait, plusieurs gouvernements asiatiques sont déjà intervenus sur le marché des changes pour maintenir leur compétitivité : la Japon, la Thaïlande, la Corée du Sud et la Chine.
Ces interventions visant à juguler l´appréciation des devises ont eu un succès mitigé et leur manque de coordination ne fait qu´accroître le flux de liquidité, estime la Banque mondiale. En outre, au-delà d´une menace de « guerre des monnaies », cette situation fait craindre aux économistes de la Banque une redite de la crise asiatique de la fin des années 1990.
Lorsqu´une monnaie se renchérit, « ses banques ont tendance à emprunter à l´étranger, ce qui peut entraîner la création de bulles et des décisions d´investissement peu sages », s´est ainsi inquiété Vikram Nehru, l´économiste en chef de la Banque mondiale pour l´Asie orientale.
Sophie Creusillet