Le logisticien français Bolloré Logistics pallie les problèmes de sous-capacité de fret aérien, de pénurie de conteneurs maritimes et de restrictions aux frontières routières sur le continent africain où il poursuit sa croissance notamment en Afrique de l’Est.
Le 9 avril dernier, Bolloré Logistics a affrété son 100ème charter de fret cargo hebdomadaire entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, un an après la mise en place du pont aérien pour pallier les restrictions de transport dues à la crise sanitaire.
Avec ce service, le groupe français assure le transport de bout-en-bout des marchandises jusqu’à leur destination finale, via son vaste réseau africain de logistique intégré.
« L’effondrement en 2020 des vols passagers réguliers qui embarquent en général une grande partie de fret nous a poussé à lancer ce service charter entre l’Europe et diverses destinations d’Afrique de l’Ouest. Mais nous pensions que cette opération serait temporaire. Au regard de la très lente reprise des vols réguliers passagers, notre pont aérien s’est non seulement prolongé mais il se poursuit » explique Jérôme Petit, président Afrique de Bolloré Logistics.
4 000 tonnes de marchandises expédiées vers l’Afrique de l’Ouest
Pour répondre aux divers besoins des pays ouest-africains, son service aérien continue ainsi d’opérer deux à trois vols hebdomadaires au départ de son hub européen de Liège.
Il dessert les destinations d’Abidjan (Côte d’Ivoire), Bamako (Mali), Accra (Ghana), Freetown (Sierra Leone), Ouagadougou (Burkina Faso), Conakry (Guinée), Niamey (Niger), Monrovia (Libéria) et Nouakchott (Mauritanie).
« Plus de 4 000 tonnes de marchandises ont pu être acheminées pour un grand nombre de produits destinés à l’aide humanitaire, équipements sanitaires, produits médicaux et alimentaires, pièces détachées, matériel télécom et autres biens de consommation courante » indique Jérôme Petit.
Bolloré Logistics en a aussi profité pour soutenir à l’inverse ses clients africains exportateurs de mangues, avec la prise en charge en 2020 de plus de 110 tonnes de mangues à destination de l’Europe au départ des aéroports d’Abidjan et de Ouagadougou. « Cette performance exceptionnelle a été rendue possible grâce aux synergies entre nos équipes opérationnelles tout au long des différents maillons de la chaine export » souligne-t-il.
Un affrètement aérien pour approvisionner l’Afrique depuis l’Asie
Le logisticien a dû également pallier les problèmes d’approvisionnement du continent africain depuis l’Asie, toujours liés à la chute des capacités de fret aérien, en lançant un affrètement avec Qatar Airways.
« On a ainsi assuré le transport aérien de marchandises provenant d’Asie directement vers l’Afrique, qui représente 50% des volumes de fret aérien importés d’Asie, l’autre moitié étant destiné à l’Europe » précise le dirigeant.
Le logisticien a opéré l’acheminement de marchandises via l’aéroport de Doha, au Qatar vers ceux d’Accra et de Lagos (Nigéria) pour couvrir l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest.
Pénurie de conteneurs sur les ports d’Afrique de l’Ouest
L’opérateur français doit aussi faire face au déséquilibre du trafic maritime mondial lié à la crise, entraînant des pénuries de conteneurs sur l’axe Asie-Europe-Afrique, que l’on connaît bien en Europe.
« On connaît une vraie pénurie de moyens sur les ports d’Afrique de l’Ouest dont nous sommes concessionnaires de terminaux, ce qui nous a posé des problèmes pour l’export de produits agricoles africains, comme le coton qui est en surstock sur les terminaux portuaires à cause de l’effondrement de la demande européenne en 2020 » expose Jérôme Petit.
Mais au cours du 1er trimestre 2021, ces stocks se sont peu à peu résorbés avec la reprise de la demande, alors que l’export de cacao s’est plutôt bien tenu et que celui des noix de cajou repart. « L’export de minerais africain comme le cuivre et le cobalt redémarrent aussi vers l’Asie » relève-t-il.
En revanche, l’approvisionnement par voie maritime de l’Afrique en matériel et pièces détachées destinés à des projets pétroliers, d’exploitation minière ou d’infrastructures s’est fortement ralenti en raison du gel des projets en 2020. « Ces projets sont en train de redémarrer et donc leur approvisionnement devrait suivre » ajoute-t-il.
En attendant, l’export vers l’Afrique par transport maritime est redevenu dynamique. La volumétrie des conteneurs vers le continent a retrouvé son niveau d’avant crise
« Davantage de produits sont conteneurisés, notamment les produits alimentaires. Ce qui accroît le nombre de conteneurs réfrigérés » révèle Jérôme Petit. Mais certains secteurs souffrent encore d’une baisse de volumes comme l’automobile ou la brasserie, liée à la chute des achats de voitures ou à la fermeture des bars et restaurants.
Le transport routier confronté à l’alternance des ouvertures/fermetures de frontières
Le transport routier du logisticien a dû jongler avec les fermetures et réouvertures de frontières de certains pays africains pour endiguer la propagation de la Covid-19.
« On a mis en place une organisation résiliente d’approvisionnement de nos filiales. La rupture de certains de nos acheminements routiers entre pays a dopé notre service de fret aérien. Mais cela a été particulièrement difficile en Afrique australe lorsque l’Afrique du Sud a installé un confinement strict et bloqué ses frontières avec ses pays voisins. Nous avons dû notamment rebasculer une flotte de 400 camions sur la Zambie et la République démocratique du Congo » affirme Jérôme Petit.
Moins marquées, les fermetures de frontières entre pays voisins d’Afrique de l’Ouest n’ont pas trop touché le corridor routier ouest-africain, qui continue à fonctionner.
Une coentreprise en Ethiopie pour accompagner la croissance des entreprises locales
Malgré ce contexte compliqué, Bolloré Logistics, présent dans 48 pays et dans tous les secteurs d’activités, poursuit sa stratégie de croissance notamment à l’est du continent.
« On opère un terminal maritime roulier au Kenya et on va gérer un autre terminal de la sorte à Port Saïd en Egypte » dévoile Jérôme Petit.
En février 2020, le logisticien a en outre ouvert une filiale en Ethiopie, créée dans le cadre d’une coentreprise entre Bolloré Transport & Logistics et la société éthiopienne CLS Logistics. Elle entend faire bénéficier l’Éthiopie de ses capacités logistiques et de solutions globales afin de soutenir l’industrie, accompagner la croissance des entreprises et renforcer le développement de la logistique régionale.
Bolloré Logistics Éthiopie dispose désormais d’un établissement dédié aux opérations de fret aérien à l’aéroport d’Addis-Abeba Bole, de 4000 m² d’entrepôts à Kaliti et d’agences dans les parcs industriels à Hawassa, Bole Lemi et Kombolcha, ainsi que des représentations dans les villes de Dire Dawa, Mekele, Baher Dar et Moyale.
Bruno Mouly