Dans un
rapport d’information sur « la sécurité des approvisionnements
stratégiques de la France » présenté le 13 avril, le sénateur Jacques
Blanc (UMP) souligne l’urgence de mettre en place des mesures de sécurisation des
approvisionnements en métaux. Et propose des pistes.
Si la France
a su, après le choc pétrolier de 1973, diversifier ses sources d’achat du
précieux or noir, elle se trouve aujourd’hui face à une problématique semblable
pour les minerais, en particulier les métaux stratégiques, dont des secteurs
comme l’aéronautique ou l’électronique sont gourmands. Concentration des
fournisseurs, rareté de certains métaux, cours instables… Les industriels s’inquiètent.
« L’approche de ce rapport n’est pas
économique, l’angle est celui de la défense », prévient d’emblée Jacques
Blanc, député de la Lozère et vice-président de la commission des affaires
étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. Reste que les conclusions de
son rapport valent aussi bien pour la défense nationale que pour l’industrie,
que le gouvernement souhaite d’ailleurs redévelopper en France.
Déjà des
tensions apparaissent concernant l’approvisionnement de certains métaux. Interrogé dans le cadre de la préparation de
ce rapport, le groupe Safran distingue deux cas : « Pour les matériaux d’usage assez large tels que ceux utilisés
pour la réalisation de pièces mécaniques dans le domaine aérospatial (alliage à
base d’aluminium, de nickel, de cobalt, de titane…) nous enregistrons des
tensions sur les marchés des matières premières générées par une demande
mondiale en fort accroissement, tensions qui se traduisent par des
augmentations de prix qui peuvent être très importantes. Pour un petit nombre
de matériaux rares (terres rares telles que l’yttium, le cerium…) ou métaux
rares (rhénium, indium…) la production est souvent concentrée en un nombre de
sources très limitées. La Chine, en particulier, fournit 97 % de la production
mondiale de terres rares ». Et la politique chinoise de réduction des
exportations et d’augmentation des prix n’arrange rien.
Les
autorités françaises, conscientes de cette vulnérabilité, ont lancé début avril
un Comité pour les métaux stratégiques (Comes). Composé de représentants des
différents ministères, d’entreprises, d’établissements publics et de
fédérations professionnelles, il doit mener un plan national d’actions en
faveur des métaux stratégiques. Une initiative saluée par Jacques Blanc.
Ce dernier
évoque plusieurs pistes dans son rapport. « Face à cet enjeu, il y avait
deux attitudes possible : entrer en guerre avec la Chine, la Russie et le
Brésil, ou créer avec ces pays des liens de partenariats vrais. La deuxième
solution est la meilleure. Et ce n’est pas une attitude naïve : ces pays
cherchent eux aussi à dialoguer avec les pays qui consomment leur production ».
Le sénateur estime qu’un dialogue
européen, peut se doubler d’accords bilatéraux. Autre piste : le recyclage des produits
finis. « Il faut une intégration dès l’amont pour faciliter l’extraction
lors du recyclage », propose le sénateur.
En outre,
face à cette pénurie, on peut se demander si la France ne va pas avoir à rouvrir
ses mines. Une option que n’écarte pas Jacques Blanc : « Il faut faire un inventaire des ressources minières dans la
perspective d’éventuelles réouvertures, sous condition de rentabilité et de
respect de l’environnement ». Une solution pour les métaux de base.
Mais hormis l’or en Guyane, le nickel en Nouvelle-Calédonie et les nodules polymétalliques
de l’îlot de Clipperton, la France ne dispose pas de ressources métalliques.
Concernant
les 17 terres rares, c’est justement parce que leur exploitation est trop chère
et trop polluante en Occident que la Chine s’en est arrogé le monopole. Du fait
d’une main d’œuvre pléthorique et bon marché. Et du peu de cas qu’elle fait de
l’environnement. Restent alors, en effet, le dialogue et la diversification des
approvisionnements.
Sophie
Creusillet