La nouvelle diplomatie économique de Laurent Fabius vit une épreuve du feu en Libye. La décision du ministère des Affaires étrangères (MAE) de fermer l’école et
le lycée français après l’attentat qui a visé l’ambassade de France à Tripoli, fin
avril, provoque en effet l’ire des milieux d’affaires français sur place. «Alors que Laurent Fabius
vient de créer au sein du MAE une direction des Entreprises, voilà qu’il
annihile les efforts réalisés depuis la fin de la révolution », s’emporte même
le responsable d’une grande entreprise, prompt à agiter le drapeau tricolore.
Sur le site Internet de l’ambassade de France, dès le 24 avril, il était annoncé que suite à
l’attentat au cours duquel un gendarme a été blessé, « toutes les emprises (Lycée, Centre Culturel, Mission
économique) resteront fermées et leur sécurité a été renforcée ». Dans un message adressé aux parents d’élèves, l’ambassade de
France justifie la fermeture de l’école et du lycée en évoquant « des mesures précises » devant « être prises par
les autorités libyennes » qui n’auraient « été que partiellement mises
en œuvre », avant de conclure que « les conditions de sécurité
requises ne sont pas remplies ».
Notre interlocuteur trouve la mesure exagérée. Il rappelle que la communauté française
s’est mobilisée autour de plusieurs projets, comme l’accueil de 300 professeurs
libyens avec leurs familles pendant 18 mois dans des universités françaises. L’objectif
est qu’ils soient formés pour enseigner ensuite le français dans leur pays. «Les Libyens ont accepté de
financer l’opération; Campus France, de son côté, s’est engagé. La décision qui
vient d’être prise risque de compromettre la diffusion de la langue
française en Libye et la poursuite
du programme de formation qu’elle voulait lancer en 2014 avec des cadres et des
ingénieurs libyens», ajoute l’homme d’affaires.
Par ailleurs, d’après nos informations, la
Chambre de commerce franco-libyenne (CCFL) envisageait d’ouvrir un bureau à
Tripoli. Contactée à ce sujet par la Lettre confidentielle (LC), la CCFL observe, avec un peu
d’inquiétude, que les autorités libyennes « ressentent mal » la
décision de Paris. Il vrai que sur les 150 élèves concernés par la fermeture
des établissements, les deux tiers sont libyens.
François Pargny