L´Union européenne (UE) a paraphé le 15 octobre avec la Corée du Sud son accord de libre-échange (ALE) le plus ambitieux avec un pays développé. Elle a ainsi de bonnes chances de prendre de vitesse les Etats-Unis, toujours en négociation avec la Corée, si le Parlement européen et les parlements nationaux valident l´ALE au second semestre 2010.
« La Corée s´étant engagée à largement libéraliser des secteurs comme les télécommunications, les services environnementaux, les services juridiques, les services financiers ou le transport, ceux-ci devraient être les principaux bénéficiaires de l´accord », indique la Commission européenne dans un communiqué du 15 octobre. En l´occurrence, l´exécutif européen aurait obtenu des concessions supérieures à celles arrachées par les Etats-Unis.
En revanche, les constructeurs automobiles européens lui reprochent d´avoir cédé aux exigences coréennes, au moment même où le président Obama s´apprête à se rendre en Corée pour obtenir des concessions dans ce domaine. Séoul remboursant à ses entreprises les droits d´importation des pièces et matériaux nécessaires à la production de véhicules destinés à l´exportation, les marques européennes craignent la concurrence de produits coréens fabriqués avec des pièces chinoises. Bruxelles a bien obtenu la mise en place d´un mécanisme de clause de sauvegarde, ce qui se révèle insuffisant aux yeux des Européens qui se déclarent prêts à accélérer leur lobbying pour faire échouer l´approbation de l´ALE par les parlements.
Au total, Européens et Coréens ont échangé pour 65 milliards d´euros en 2008. L´ALE permettrait encore d´augmenter le commerce bilatéral de 76 milliards d´euros, souligne Les Echos. Selon le Samsung Research Institute, cité par Le Figaro, « la libéralisation devrait conduire à 12,8 milliards d’euros d’exportations coréennes supplémentaires, dont près de la moitié pour l’automobile ». La Commission européenne annonce, de son côté, jusqu´à 19 milliards d´exportations européennes supplémentaires. La suppression des droits de douane, pour un montant de 1,6 milliard d´euros, doit apporter de nombreux bénéfices dans l´agroalimentaire, la pharmacie ou la chimie.
François Pargny