Réunis lors d’un déjeuner commun, les représentants des plus grandes entreprises françaises à Bruxelles ont affiché leur scepticisme quant à l’impact réel des futurs accords de libre-échange. « La Commission européenne pêche par angélisme », a déploré l’un d’eux estimant que les intérêts français étaient mieux défendus à Paris que dans la capitale européenne. Seul Michel Barnier a trouvé grâce à leurs yeux comme étant le seul commissaire à vraiment prendre en compte « la défense des intérêts industriels européens ».
Même pessimisme concernant les négociations tout juste lancées avec le Japon. « Je paie un verre à l’ensemble de la Direction Générale des Transports s’ils arrivent à faire plier Tokyo sur la question sensible des marchés publics », a ironisé un autre participant. Ce dernier a également mis en cause les pourparlers actuels entre l’UE et le Canada notant que certains acteurs étaient exclus du champ de l’application de l’accord notamment pour la concession du métro de Montréal. « Accord ou pas nous n’y aurons pas accès alors que nos marchés publics leurs sont ouverts ».
Si tous ont également affiché leur intérêt à la conclusion d’un « accord équilibré » avec l’Inde, personne ne semble y croire. « Ils ne font aucune concessions », confiait le responsable d’un grand groupe automobile français taclant au passage le commissaire au Commerce, Karel de Gucht, accusé d’utiliser ce secteur comme « une monnaie d’échange », dans tous les accords conclus ou en cours de négociation.
Les futurs pourparlers avec les Etats-Unis, enfin, n’ont provoqué qu’un enthousiasme mitigé. « Nous visons surtout les pays émergents avec qui nous réalisons 70 % de nos commandes », notait le représentant d’Alstom. Reste une priorité commune à tous, quel que soit le secteur : la convergence réglementaire, élément incontournable du futur accord transatlantique.
KL, à Bruxelles