Malgré deux échéances manquées en décembre 2017 et en mars 2018, les négociateurs européens et du Mercosur affichent toujours le même optimisme quant à la conclusion prochaine d’un vaste accord de libre-échange entre les deux blocs. « Les discussions ont beaucoup avancé, nous arrivons à une étape décisive », a commenté, à la fin de la semaine dernière, Arabe Neto, le secrétaire brésilien au Commerce, indiquant qu’un compromis pourrait être scellé au cours du deuxième semestre. Un refrain maintes fois entendu au cours de ces derniers mois et qui démontre la difficulté, pour les deux camps, de trouver une solution sur les dossiers les plus sensibles.
« Nous attendons de nouvelles propositions du Mercosur », explique-t-on dans les couloirs du Conseil, l’organe de représentation des Etats membres à Bruxelles. Mais l’Union européenne (UE), poussée par ses grands Etats membres, reste déterminée à boucler au plus vite ces négociations. « Au plus tard en mai », précise-t-on, soit avant que la campagne pour les élections présidentielles au Brésil ne paralyse l’action du gouvernement de Michel Temer.
Viande : les Belges lâchés par les Français
Et visiblement la question des quotas de viande bovine sud-américaines ne constitue plus la principale pierre d’achoppement dans ces pourparlers engagés il y a près de vingt ans. « On parle toujours de 70 000 ou de 99 000 tonnes », rappelle René Collin, le ministre wallon de l’Agriculture, précisant que ces quotas bénéficieraient de droits de douane réduits autour de 7,5 %. Une proposition que la Belgique juge bien trop élevée. Sur la base d’une offre à 70 000 tonnes, la fédération belge du commerce du bétail et de la viande a estimé un manque à gagner potentiel avoisinant 57 millions d’euros pour les seuls éleveurs du Royaume.
Si le pays continue donc à s’opposer farouchement à la seconde offre, proche des 100 000 tonnes, il semble néanmoins de plus en plus isolé au sein du bloc. La France, qui était jusque là une alliée de poids, a progressivement modifié sa position face aux débouchés que le marché sud américain pourrait notamment offrir à ses vins, fromages et voitures. « Je ne suis pas rassurée sur l’attitude de la France dans ces négociations », s’inquiétait récemment René Collin, cité dans le quotidien belge francophone Le Soir.
Les deux dossiers sur lesquels l’UE attend désormais des concessions de la part du Mercosur sont les indications géographiques protégées et la période de transition, jugée trop longue, pour l’accès de l’industrie automobile au marché, « soit les réclamations de Paris et de Berlin », déplore le responsable wallon. Et s’ils obtiennent gain de cause sur ces volets, « aucun doute qu’ils ne freineront plus l’augmentation des quotas de viande bovine », renchérissait un diplomate belge au Conseil européen.
La fin du suspense est proche. Un nouveau round de négociations, peut-être le dernier, est prévu fin avril à Bruxelles.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
* Le Mercosur (Mercado Común del Sur) regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie
Pour prolonger :
-UE / Mercosur : les négociateurs jouent les prolongations
–UE / Libre-échange : Bruxelles tente sans grand succès de conclure avec le Mexique et le Mercosur