Israël n’est pas encore la terre promise des hommes d’affaires français. Depuis une grosse année, plusieurs Medef territoriaux en région (Ille-et-Vilaine, Hauts-de-France, Moselle) cherchent à développer les relations avec un pays qui se qualifie lui-même de « startup nation » en référence à son écosystème en matière d’innovation, d’incubation, d’accélération et de financement des TPE et PME technologiques.
De fait, Israël dispose d’un savoir faire reconnu dans toute une série de domaines ou produits, des technologies agricoles à la santé, en passant par les drones et le numérique.
Président de la CCI Israël-France à Tel Aviv, Daniel Rouach encourageait ainsi les entreprises de l’Hexagone à réaliser des transferts de technologie avec des homologues israéliens lors d’un petit déjeuner, le 20 septembre, sur le thème « Israël. Terre d’opportunités pour les entreprises françaises », présidé par Michel Jonquères, président du Medef Val d’Oise.
Emmanuel Macron, lui-même, alors ministre de l’Économie en 2015, était intervenu au Festival de l’innovation et du numérique (DLD), auquel 150 entreprises françaises participaient à Tel Aviv. La startup nation, deuxième pôle technologique mondial après la Silicon Valley, méritait bien que l’État encourage les entreprises françaises à se rapprocher d’un écosystème particulièrement performant.
Les missions UE57, UE35 et Medef Lille Métropole
Cette année, l’Union des entreprises de Moselle (UE57) a décidé d’emmener une centaine d’entreprises (startup, spécialistes du BTP, de la distribution automobile…) du 10 au 15 novembre en Israël. Loin de s’interroger sur l’aboutissement des négociations politiques après les élections législatives en Israël, Jean Poulallion ne cesse de rappeler que la startup nation – « ce que voudrait devenir la France » -dispose de 7 000 startup et en crée 600 par an. Faciliter l’export des entreprises pour créer de l’emploi en Moselle passerait ainsi, notamment, par « le travail en cluster » et « le chasser en meute » en Israël, déclarait-il, le 23 septembre, à TV Mirabelle. De nombreux secteurs peuvent intéresser les sociétés mosellanes : bioéconomie, capteurs, cyber sécurité, smartcity, mobilité, etc.
Ce déplacement fera suite à ceux déjà réalisés sous l’égide de l’Union des entreprises d’Ille-et-Vilaine (UE35), avec 185 entreprises, du 13 au 17 octobre 2018, et du Medef Lille Métropole, en partenariat avec CCI International et le Conseil Régional Hauts- de-France, à Tel Aviv le 15 juin dernier, avec 60 décideurs.
Comme en Moselle, c’est le président d’Altice, Patrick Drahi, qui a engagé l’UE35 à découvrir le système d’innovation d’Israël. Quant à la mission des Hauts-de-France, la découverte de la Tech israélienne s’est traduite notamment par la présentation de l’écosystème de Microsoft et l’établissement de contacts avec les universités de Tel Aviv et du Technion, un institut de technologie servant d’incubateur.
Acquérir des ressources locales pour réussir
Malgré la faiblesse des relations commerciales bilatérales – 1,5 milliard d’exportations françaises en Israël en 2018, soit 0,3 % du total des ventes tricolores », déplorait Michel Jonquères – réussir dans ce pays moyen oriental est possible. A condition de se déplacer, voire de s’implanter sur place, pour des raisons culturelles.
Pour ce faire, la société Prodware a, d’abord, fourni ses systèmes d’information en Israël. Puis se ravisant, pour se donner toutes les chances, l’entreprise a obtenu de rééditer des produits de Microsoft avant d’acquérir finalement un éditeur local lui offrant ainsi des ressources humaines supplémentaires.
« Pour réussir, il faut être entouré d’Israéliens et créer de la valeur ajoutée avec eux », expliquait ainsi son président, Alain Conrard. En tous les cas, cette stratégie est un succès. Le groupe basé à Paris a d’abord été retenu pour les municipalités de Tel Aviv et Ramat Gan pour la numérisation de ses services. Enfin, en avril 2018, ce fut au tour de Jérusalem. L’éditeur et intégrateur a pu ainsi installer la plateforme Dynamics 365 de Microsoft. Une nouvelle réussite qui pourrait en appeler d’autres.
François Pargny