La crise est sérieuse. Un signe qui ne trompe pas : la progression des impayés est fulgurante. Coface, qui tenait son colloque annuel sur le risque pays le 19 janvier à Paris, annonce ainsi une hausse de 47 % de son indice des incidents de paiement dans le monde pour les onze premiers mois de 2008.
« Elle est supérieure à ce que nous avions enregistré en 2001, qui était de + 30 %, mais comparable aux progressions que nous avons connues lors des précédentes crises des années 90 » a précisé au Moci Yves Zlotowski, son chef économiste. L’assureur-crédit a dégradé les notes de risque de 20 pays ces dernières semaines.
Fait notable, la progression des impayés enregistrée chez Coface a été particulièrement forte dans les pays industrialisés touchés par la bulle immobilière : +130 % en Espagne, + 65 % aux Etats-Unis, + 64 % au Royaume Uni, + 70 % en Irlande… (contre + 40 % au Japon, + 25 % en Allemagne, + 36 % en Italie).
En 2009, ce sont les pays d’Europe centrale et orientale, dont certains sont déjà confrontés à des problèmes de liquidités (Hongrie, pays Baltes, Roumanie…) qui seront à surveiller : » ils constitueront une des zones les plus vulnérable en 2009 en raison de déséquilibres macro-économiques très forts et d´un endettement excessif de leurs entreprises en devises ». Turquie, Ukraine, Russie sont également concernés.
Les plus résistants sont parmi les pays émergents, qui ont assaini leurs économies au début des années 2000, à l’instar du Brésil, dispose d’une économie domestique encore dynamique et de confortables réserves de change comme la Chine, ou ne sont pas trop dépendants de leurs exportations, comme l’Inde.
François David, président de Coface, met toutefois en garde contre un pessimisme excessif, très « anxiogène ». « C’est une crise de crédit classique, comme il s’en produit tout les 10 ans, a-t-il estimé le 15 janvier, lors des 1ères rencontres de l’Equipe de France de l’export organisées par Ubifrance à Paris, estimant qu’elle devrait durer « entre 18 mois et deux ans » et « se terminer fin 2009 ».
Christine Gilguy