Deux leaders mondiaux de l’immobilier logistique, AMB et
Prologis, viennent de finaliser la fusion de leurs activités, pour donner
naissance au numéro un mondial de l’entrepôt logistique, totalisant une offre de
55,7 millions de m2. « L’ensemble
de nos plateformes nous met en situation de capter 70 % du Produit intérieur
brut mondial », affirme Philipp Dunne, président Europe de la nouvelle
entité fusionnée.
Les américains Prologis et AMB Property ne forment plus désormais
qu’un seul groupe, gérant 44 milliards de dollars d’actifs dans 22 pays et sur
quatre continents. Le nouveau géant propose désormais 3500 plateformes
logistiques de dernière génération, dite de classe A, à 4500 clients dans
le monde. La nouvelle entité, qui conserve le nom « Prologis », est
cotée à la bourse de New York (NYSE).
Les promoteurs de l’opération font valoir qu’il s’agit d’une fusion
« entre égaux ». Ce qui n’est peut-être pas aussi simple qu’ils ne le
disent. Rappelons qu’AMB est trois fois plus petit que Prologis, en termes
d’actifs gérés, mais, à la différence de ce dernier, ses implantations sont situées
sur des économies en forte croissance et sa situation financière est beaucoup
plus saine que celle de son partenaire.
D’ailleurs, le nouvel ensemble, dirigé en binôme pendant six mois, verra, à
compter du 1er janvier 2012, ses destinées confiée à Hamid Moghadam,
ex-président d’AMB. Ce dernier occupera la fonction de président exécutif (CEO
ou Chief executive officer) et sera basé au siège opérationnel de Denver
(Etats-Unis).
Trois raisons majeures ont motivé cette fusion. Première
raison : Prologis, le plus gros des deux groupes, est implanté en Amérique
du Nord et en Europe, deux régions qui ne manifestent pas de signes de reprise
des flux de grande consommation et qui sont guettées par une aggravation des
politiques d’austérité.
Compte tenu de l’explosion des grands flux marchands mondiaux, qui sont
désormais intra-asiatiques ou entre pays émergents, il était urgent de réorienter
ce dispositif. Or, AMB, très peu présent en Europe, mais bien implanté en
Amérique du Sud (Brésil, Mexique), et surtout en Chine et en Asie (2,8 millions
de m2), offre une complémentarité géographique indiscutable, que soulignent les
promoteurs de la fusion.
Deuxième motif de la fusion, l’endettement excessif de
Prologis. Même après sa fusion avec AMB, « la dette atteint 40 % de la valeur total de nos actifs actuellement
et le conseil d’administration s’est fixé pour objectif de ramener ce taux
d’endettement dans la fourchette des 30-35 % », explique Philipp Dunne,
qui tient cependant à corriger le tir : « notre structure
financière est aujourd’hui assez forte pour affronter n’importe quelle crise ».
Ce qui garantit au groupe un meilleur accès aux marchés financiers.
La troisième raison, qui n’est pas sans lien avec la
nécessité de renforcer les finances, c’est l’anticipation d’un retour de la
crise, particulièrement en Europe, ou, à tout le moins du statut quo,
c’est-à-dire d’une stagnation des flux et des projets d’entrepôts. Voilà
pourquoi le recentrage sur les pays émergents est vital. A terme, l’objectif du
nouveau géant est de « réaliser au moins 25 % du chiffre d’affaires en
Asie », indique Philipp Dunne.
Gilles Naudy