« En matière de risque pays, la frontière entre pays avancés et pays émergents se fissure », signale dans un communiqué de presse l’assureur-crédit Coface à l’occasion de son 15e colloque Risque pays organisé aujourd’hui à Paris. En effet, explique Coface, « les pays émergents affichent des rythmes d’activité élevés et stables et une forte solidité financière, alors que les risques se sont dégradés pour les pays avancés. Parmi ces derniers, seulement 9 sur 28 ont retrouvé leur niveau d’avant-crise ».
Les pays émergents sont de fait les « grands gagnants de la crise » : 27 d’entre eux, dont la Chine, la Turquie, le Brésil, l´Inde ou la Pologne ont des notes supérieures ou égales à A4 et se retrouvent mieux notés que la Grèce, l´Irlande ou le Portugal, sujets aux bulles de la dette privée ou publique. La Turquie est désormais seulement à un cran en dessous du Royaume-Uni et la Pologne est mieux notée que l´Islande. Selon les prévisions de la Coface, les pays émergents « poursuivront en 2011 leur trajectoire de croissance solide, avec un léger ralentissement : 6,2 % contre 6,7 % en 2010. Leur activité n´est pas handicapée par le poids de la dette privée, contrairement aux pays de la zone euro.
Néanmoins, Coface précise que les pays émergents ne sont pas à l´abri d´une « envolée de l´endettement du secteur privé » liée notamment au boom de l’investissement que l’on devrait observer en 2011. Deux types de profils seront alors à surveiller : le profil « polono-brésilien » (les entreprises s´endettent à l´étranger à cause de banques locales trop réticentes et de taux domestiques prohibitifs, entraînant un risque d´avoir des contreparties de plus en plus endettées en devises) et le profil « sino-vietnamien » (les entreprises s´endettent en monnaie locale auprès de banques domestiques souvent peu armées pour analyser les risques avec pour conséquence des entitées très endettées et parfois peu transparentes).
En ce qui concerne les pays avancés, Coface prévoit pour 2011 une croissance de 1,8 % contre 2,3 % en 2010, et la zone euro devrait avoir une baisse de croissance limitée (1,4 % contre 1,7 % en 2010). Cette baisse modérée aura un effet négatif sur le risque de crédit moyen des entreprises. Toutefois son impact sera très contenu car le différentiel de croissance entre 2010 et 2011 est limité à 0,6 point de PIB.
Alix Cauchoix