Après deux ans de rebondissement et une première tentative de reprise qui avait été bloquée en avril 2008, en pleine campagne électorale, par l´actuel premier ministre italien Sylvio Berlusconi pour défendre « l´italianité » d´Alitalia, Air France KLM a finalement coiffé sur le poteau ses concurrentes Lufthansa et British Airways pour la reprise de la compagnie Alitalia : le 12 janvier, le conseil d´administration de la compagnie italienne moribonde a donné, à l´unanimité, son accord pour l´entrée au capital d´Air France KLM à hauteur de 25 % moyennant 323 millions d´euros.
Le groupe franco-néerlandais doit finalement une fière chandelle à son détracteur d´hier, puisque cette opération, qui la propulse premier actionnaire de la compagnie italienne, est aujourd´hui bien moins risquée et beaucoup moins… chère qu´il y a un an, lorsque Air France KLM était prête à mettre sur la table 1,5 milliards d´euros pour reprendre Alitalia… Depuis, la compagnie italienne a commencé sa cure d´amaigrissement (3000 postes sur 12000 supprimés) sous la houlette du groupe de patrons italiens qui l´a reprise en décembre dernier et l´a fusionné avec Air One, un autre transporteur transalpin qui lui grappillait des parts de marché. L´Etat italien, pour sa part, a repris à sa charge 3 milliards d´euros de créances.
Air Franca accueillie à bras ouverts
Le groupe franco-néerlandais est désormais accueilli à bras ouverts. Il était « le meilleur partenaire stratégique», et a démontré « une détermination et une volonté que les autres compagnies « n’avaient pas», a résumé, le 12 janvier, l’administrateur délégué de la compagnie italienne Rocco Sabelli, cité par l´AFP. Cette alliance, qui permet à la compagnie franco-néerlandaise de prendre une position majeure sur le marché italien (le cinquième en Europe avec 106 millions de passagers) garantit une autonomie de gestion à Alitalia par rapport à Air France-KLM, qui disposera de 3 sièges sur 19 au conseil d’administration et 2 sur 9 au comité exécutif.
Air France-KLM conservera ses 25 % au moins pendant quatre ans, période durant laquelle les actionnaires italiens n’auront pas le droit de céder leurs titres à des étrangers. Cette clause « sera levée uniquement en cas d’une éventuelle mise sur le marché de la société à partir de la troisième année», selon le communiqué du groupe franco-néerlandais. Quelque 720 millions d’euros de synergies sur trois ans sont également espérés pour Alitalia, qui, avec un dispositif allégé (148 avions, 670 vols quotidiens prévus, 70 destinations dont 23 nationales, 47 internationales), peut reprendre son envol renforcée.
Pour prolonger : relire « Les compagnies aériennes ne veulent pas de l´argent des gouvernements » et Vers une libéralisation du transport aérien entre l´UE et le Canada
Christine Gilguy