Pour sa première visite officielle à l’étranger en tant que Premier ministre du Congo, Anatole Collinet-Makosso a opté pour un déplacement d’une semaine en France, du 24 au 30 août. Jeudi 26, il est venu présenter les atouts et besoins de son pays à un parterre d’entrepreneurs français réunis à la CCI de Paris Ile-de-France.
Une visite de sept jours, neuf ministres… Le Congo a visiblement mis les bouchées doubles pour attirer l’attention des entreprises françaises, en partie déjà acquise si l’on en croit la foule qui se pressait jeudi matin à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris.
Malgré une détérioration du climat des affaires et une forte dépendance aux matières premières, le troisième client de la France en Afrique centrale souhaite redynamiser l’investissement étranger, en particulier français. Avec 3,8 milliards d’euros de stock d’IDE la France est, aux côtés de l’Italie, des États-Unis et de la Chine un investisseur de premier rang au Congo.
« Il y a des opportunités pour les investisseurs, notamment grâce aux partenariats public-privé, a précisé Anatole Collinet-MaKosso. Nous lançons d’ailleurs cet après-midi un club PPP qui proposera un cadre de travail sécurisé ».
Infrastructures, agriculture, foresterie, télécom., mines…
Promus pour pallier la contraction des ressources publiques, les PPP (partenariats public-privé) sont un instrument privilégié dans les infrastructures et les transports, que le pays entend développer, à l’instar du projet de pont entre Brazzaville et Kinshasa. Bolloré Logistics est ainsi concessionnaire du terminal à conteneurs du port de Point Noire et Egis gère en délégation de service public les trois principaux aéroports du pays.
Par secteur, les besoins se concentrent dans l’agriculture et la foresterie, qui sont loin d’atteindre leur potentiel en raison du manque d’infrastructures (80 % des terres arables ne sont pas exploitées). Un nouveau code forestier, « favorable aux investisseurs », a été mis en place (en 2020 la France a importé pour 11,5 millions d’euros de bois).
Le Premier ministre a également mis en avant les télécommunications, les mines, les hydrocarbures et un secteur moins attendu : le tourisme, que le pays souhaite encourager afin de faire rentrer des devises. « Avec la mise en place d’une législation fiscalo-douanière, de zones industrielles et commerciales et les PPP, tout est fait pour attirer les investisseurs et relever les défis de la diversification. »
Des besoin en formation
Enfin, l’accent a été mis sur la formation. Des cadres de l’administration, de personnels médicaux, des ingénieurs et des techniciens dans des secteurs transversaux comme la maintenance industrielle, mais aussi de chercheurs comme est venu en témoigner Thomas Pitrat, directeur commercial de Geocarta.
Cette PME parisienne spécialisée dans les mesures géophysiques a cartographié les 15 000 hectares de la plantation de cannes à sucre de Saris. « Un savoir-faire local a émergé et un étudiant prépare actuellement une thèse à l’université de Brazzaville sur l’interprétation des données récoltées, ce qui nous rend très fiers » a notamment relaté Thomas Pitrat.
Pour Etienne Giros, président délégué du CIAN, le conseil français des investisseurs en Afrique, « le Congo est un pays à fort potentiel en raison de ses matières premières, de son port en eaux profondes, mais la première richesse du pays, ce sont ses hommes et ses femmes ; il y a d’ailleurs de moins en moins d’expatriés et de plus en plus de locaux ».
Sophie Creusillet