Depuis quelques années, la santé est devenue l’un des secteurs les plus lucratifs en Afrique du Sud. Le marché des équipements et dispositifs médicaux connaît une croissance annuelle d’environ 5 %, tandis que celle du marché des produits pharmaceutiques est de 8 %.
Le système de santé en Afrique du Sud est marqué par de fortes disparités, avec, d’un côté, le secteur public, de l’autre, le secteur privé. Le premier, qui prodigue des soins à plus de 80 % de la population, manque grandement de moyens financiers et humains. Le secteur privé, en revanche, bénéficie de compétences techniques élevées, comparables à celle que l’on trouve en Europe. Tous deux offrent des opportunités pour les entreprises françaises.
Le gouvernement sud-africain consacre 8 % du PIB au système de santé public et a fait de l’amélioration de ce dernier une de ses priorités. Pour cela, il va devoir développer les infrastructures et acquérir des équipements et dispositifs médicaux. « Et l’expertise des entreprises françaises dans ce domaine est reconnue », affirme Tatiana Miron, du bureau Ubifrance Afrique du Sud.
Les entreprises étrangères ont aussi un rôle à jouer dans l’approvisionnement en produits pharmaceutiques. Le groupe français Sanofi, par exemple, est implanté dans le pays depuis les années 1960 et gère une usine à Pretoria où il fabrique des médicaments contre la tuberculose. « Ceux-ci sont adaptés au marché sud-africain. La fréquence des prises est plus réduite, pour faciliter l’observance du traitement. Par ailleurs, les prix sont moins élevés pour le secteur public », indique John Fagan, directeur de Sanofi Afrique du Sud. L’entreprise tire 30 % de son chiffre d’affaires du secteur public, le reste venant du secteur privé.
« Le secteur privé est très performant et regarde avec intérêt toute nouvelle technologie ou service qui peut améliorer l’efficacité des hôpitaux », confirme Tatiana Miron.
En Afrique du Sud, le marché des équipements médicaux est estimé à environ 1 milliard d’euros et est approvisionné à 95 % par des produits d’importation. Celui des produits pharmaceutiques représentait quant à lui 2,83 milliards d’euros en 2010, et devrait atteindre 5 milliards d’euros à l’horizon 2015. Avec 12 % des parts de marché, la France est le 3e pays fournisseur derrière les États-Unis et l’Allemagne. Actuellement, la grande majorité (77 %) des importations de produits pharmaceutiques concerne les produits finis ou les médicaments conditionnés pour la vente au détail. Mais cette situation est susceptible d’évoluer.
Autre spécificité : l’importance des médicaments génériques qui représentent environ 40 % de parts de marché. Cependant, le secteur pharmaceutique n’est pas simple à pénétrer en Afrique du Sud. Tout nouveau produit doit être enregistré auprès du Medicines Control Council avant de pouvoir être distribué et cet enregistrement prend entre six mois et quatre ans.
« Une entreprise française qui veut être présente dans le secteur de la santé devra trouver un distributeur qui pourra la représenter dans les appels d’offres. Ceux-ci sont gérés par les gouvernements provinciaux ou par le ministère de la Santé lorsqu’il s’agit de produits stratégiques (antirétroviraux, vaccins) », explique Tatiana Miron. « Dans le cas d’une PME, nous conseillons de passer par un distributeur pendant deux ou trois ans avant de considérer éventuellement la possibilité d’ouvrir une filiale. » En effet, même les sociétés privées traitent avec des distributeurs sud-africains accrédités.
Par ailleurs, toute entreprise qui veut travailler avec le secteur public doit d’abord introduire une demande auprès du ministère de la Santé afin de figurer au registre national des fournisseurs du secteur public de la santé. Elle peut être faite par Internet (voir contacts ci-dessous).
Contact
Administrations sud-africaines
• Registre national des fournisseurs :
www.doh.gov.za
• Demande d’enregistrement d’un médicament : Medicines Control Council, www.mccza.com
Tél. : +27 12 395 8000
Bureau Ubifrance Afrique du Sud
Tél. : +27 11 303 7150
[email protected]
Chambre franco-sud-africaine de commerce et d’industrie
Tél. : +27 11 442 2425
[email protected]
www.fsacci.co.za
Patricia Huon
Témoignage : Roland Lascombes, directeur du Laboratoire Odost
Odost est un laboratoire familial, spécialisé dans l’hygiène bucco-dentaire pour toute la famille. 40 % de son chiffre d’affaires est réalisé à l’export. En 2010, Roland Lascombes, son directeur, a participé à une opération collective organisée par Ubifrance dans le domaine de la santé en Afrique du Sud, dont il commence à recueillir les fruits. « Cette mission m’a permis de rencontrer les deux distributeurs avec qui je travaille actuellement, explique-t-il. Les premières commandes ont été livrées en mars 2011. »
Odost n’a pas hésité à s’adapter aux demandes spécifiques de ses nouveaux clients : « Nos partenaires ont pris l’assortiment complet de notre gamme bucco-dentaire et sont très intéressés par les produits pour enfants, ainsi que par nos petits formats. Nous avons créé un produit spécialement pour le marché sud-africain : un gel pour la poussée dentaire des bébés en taille échantillon. »
Et l’entreprise ne compte pas s’en tenir là : « Actuellement, nous sommes présents dans les pharmacies individuelles, mais pas encore dans les grandes chaînes, ce qui sera obligatoire pour vraiment se développer. Chaque produit doit être validé et référencé avant de pouvoir être vendu par ces chaînes, ce qui peut prendre plusieurs mois. Mais nos distributeurs sont efficaces, donc cela va se faire prochainement. »
P. H.