Le Gabon accuse la chute vertigineuse des cours du pétrole, la baisse de 0,6% de sa production et le raffermissement du dollar face à l´euro, donnant lieu à une croissance de 3,9% de son PIB en 2008 contre 5,6% en 2007. La relative stabilité de la production pétrolière, à 13 millions de tonnes (Mt) (13,8 Mt attendues en 2009), permet de compenser partiellement la chute des cours. Mais la loi de Finances 2009 doit tout de même être révisée, à 1 600 milliards de FCFA contre les 2600 milliards initialement escomptés, retrouvant à peu près le niveau de 2007. Elle se fonde sur un cours du brut à 63 dollars et non plus à 108 dollars le baril, une chute des cours qui pourrait remettre en cause certaines prospections coûteuses.
Le Gabon tire bien, malgré tout, son épingle du jeu côté financier : l´excédent budgétaire d´environ 10% du PIB en 2007 lui a permis, fin 2007, de réduire son endettement international (à 15,6% du PIB), de lancer deux emprunts obligataires – l´un international, l´autre régional – et d´abonder un compte régional à la Banque centrale des États d´Afrique Centrale (BCEAC). Rappelons que le PIB par habitant est de 8 000 dollars. Les agences de notation ont reclassé favorablement le Gabon.
La volonté politique de diversification de l´économie s´affirme, mais la réalité est tenace : le pétrole représente encore 45% de l´économie et 80% des biens de consommation demeurent importés. Des efforts sont faits pour réactiver des productions agricoles (café, cacao, sucre, huile de palme, etc.), mais la richesse minière prend chaque fois le pas.
Outre le pétrole, les exportations de manganèse progressent (+5,7% à 3700 t prévues pour 2009) et compensent la baisse des cours. Le Gabon a par ailleurs renégocié au premier semestre le contrat qui le lie aux Chinois pour l´exploitation du gisement de fer de Belinga. Un projet considérable (3 milliards de dollars d´investissements ) qui implique notamment la construction très controversée, au plan écologique, de la centrale hydro-électrique de Grand Poubara (83 millions de dollars) signée en janvier 2008. Dans l´uranium, Areva est de retour.
En revanche, la crise internationale ébranle le secteur bois qui connaît des mises en chômage technique. La certification FSC obtenue en fin d´année par les groupes français Rougier (10 millions d´euros d´investissements sur 10 ans) et suisse Precious Wood, devrait leur permettre de mieux appréhender la crise. Les infrastructures routières ont connu peu d´amélioration et certaines compagnies aériennes, autres que Afrijet et Gabon Airlines, ont été mises en juillet sur la liste noire de l´UE.
Au plan intérieur, un nouveau gouvernement (nommé en décembre 2007) a œuvré en 2008 avec notamment l´ancien ministre d´État Casimir Oyé Mba, devenu ministre des Mines et du pétrole, remplaçant Richard Auguste Onouviet qui prend le portefeuille de la Planification et de la programmation du développement. La hausse des prix des biens de consommation a suscité une vague de mécontentement de la population en février : le gouvernement a suspendu des droits d´importation, a baissé les prix du diesel et a poursuivi le gel de la hausse des carburants.
Les relations avec la France ont connu des moments de tension avec une violente réaction en janvier 2008 aux propos du secrétaire d´État à la Coopération Jean-Marie Bockel, voulant en terminer avec la « Françafrique » et en mars la reconduite d´étudiants gabonais hors de France.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil