Sur les six premiers mois de l’année, les échanges internationaux de marchandises ont augmenté de 2,3 % en glissement annuel, selon la dernière mise à jour des Perspectives et statistiques du commerce mondial de l’OMC. Cette tendance haussière devrait se maintenir, mais des risques de détérioration persistent, prévient-elle.
Après avoir chuté de 1,1 % en 2023 en raison d’une inflation et de taux d’intérêt élevés, les échanges de biens devraient se stabiliser et progresser de 2,7%, en 2024 et 2025. Le début de la réduction des taux d’intérêt par les banques centrales devrait augmenter les revenus réels des ménages et stimuler les dépenses des consommateurs, tandis que la baisse des taux d’intérêt devrait tirer à la hausse les dépenses d’investissement des entreprises.
Des politiques monétaires divergentes parmi les grandes économies pourraient entraîner une volatilité financière et des modifications des flux de capitaux à mesure que les banques centrales abaissent les taux d’intérêt, avertit l’OMC.
Baisse des exportations européennes
Dans le détail, une baisse de 1,4 % des exportations européennes est à attendre cette année alors que les importations diminueront de 2,3 %. Elles ont été tirées à la baisse par les secteurs de l’automobile et des produits chimiques de la zone. Une chute des expéditions de produits de l’industrie automobile de l’Union européenne (UE) est préoccupante en raison de l’incidence potentielle sur les vastes chaînes d’approvisionnement du secteur.
Dans le même temps, les exportations de produits chimiques organiques — certains étant associés aux médicaments — reviennent à des tendances normales après une poussée pendant la crise sanitaire. Les importations de machines de l’UE ont également chuté, en particulier en provenance de Chine. Cette tendance va au-delà des tensions géopolitiques, affectant les importations en provenance des Etats-Unis, de la Corée et du Japon. En parallèle, la hausse des importations en provenance d’Inde et du Vietnam suggère leur rôle croissant dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
L’Asie tire son épingle du jeu
Plus à l’Est, les volumes d’exportation de l’Asie augmenteront plus rapidement que ceux de toute autre région cette année, affichant une hausse qui atteint 7,4% en 2024. La région a enregistré une forte reprise des exportations au premier semestre de l’année, tirée par des économies manufacturières clés telles que la Chine, Singapour et la Corée.
Les importations asiatiques varient par pays. Alors que la croissance de la Chine reste modeste, d’autres économies comme Singapour, la Malaisie, l’Inde et le Vietnam sont en plein essor. Cette évolution donne à penser que leur rôle émergent est de « connecter » les économies, le commerce entre les blocs géopolitiques, ce qui pourrait potentiellement atténuer le risque de fragmentation.
L’Amérique du Sud s’est quant à elle redressée en 2024, après avoir enregistré des faiblesses tant des exportations que des importations en 2023. Le commerce nord-américain est largement conduit par les Etats-Unis, bien que le Mexique se distingue par une croissance des importations plus forte que la région dans son ensemble. Les importations mexicaines sont à la hausse après une contraction en 2023, ce qui témoigne du rôle croissant du pays en tant qu’économie de « connexion ».
Enfin, la croissance des exportations de l’Afrique est conforme à la tendance mondiale. Elle a été revue à la baisse par rapport aux prévisions d’avril, du fait d’une révision générale des statistiques commerciales de l’Afrique et d’un affaiblissement plus important que prévu des importations de l’Europe, principal partenaire commercial de l’Afrique.
Des perspectives plus positives pour les services
A l’inverse des marchandises les échanges de services montrent des signaux positifs. Ils ont ainsi bondi de 8 % (de la valeur en dollars) au cours du premier trimestre 2024. Des statistiques complètes sur les services pour le deuxième trimestre seront publiées plus tard en octobre, mais les données des déclarants disponibles jusqu’en juin donnent à penser qu’une croissance relativement forte sera probablement maintenue au deuxième trimestre.
L’indice des nouvelles commandes à l’exportation de services est passé à 51,7 en août, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2023. L’indice des directeurs d’achat de services est resté solidement orienté à la hausse, s’établissant à 52,9 au mois d’août, bien qu’il ait diminué en septembre.
S.C.