Après une croissance économique attendue de 5 % cette année, l´Afrique subsaharienne devrait enregistrer un taux de 5,5 % l´an prochain, soit la progression régionale la plus forte du monde, après l´Asie. Raison de plus pour les pays du sous-continent africain de poursuivre la réorientation de leur commerce vers ces nations émergentes, conseille le Fonds monétaire international (FMI) dans ses dernières perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne.
Et de remarquer que si les Etats au sud du Sahara ont si bien résisté à la crise économique mondiale entre 2007 et 2009, c´est en partie dû au fait qu´elles ont accru leurs échanges avec l´Asie. Deux autres raisons expliquent « la résilience de la plupart des économies d´Afrique subsaharienne à la crise », expliquait, le 2 novembre à Paris, Abebe Sélassié, chef de la division Etudes régionales au département Afrique du FMI. D´une part, ces nations, selon lui, « disposaient d´une marge de manœuvre budgétaire leur permettant de mener des politiques contre-cycliques ». D´autre part, elles avaient aussi commencé à investir dans la santé et l´éducation avant la crise. Un effort poursuivi entre 2008 et 2010, puisque leurs dépenses dans ces domaines ont été maintenues au même niveau.
Globalement, « le principal partenaire commercial de l´Afrique subsaharienne reste l´Union européenne. Les exportations à destination de l´UE et d´autres pays avancés représentent encore plus de la moitié des exportations des pays subsahariens », constate le FMI. « Pourtant, selon l´organisation internationale, la structure des échanges commerciaux avec la Chine et d´autres pays en développement d´Asie a profondément évolué au cours de ces dernières années, au point que, en 2009, la part de la Chine dans le total des exportations et des importations de l´Afrique subsaharienne était supérieure à celle de la plupart des autres régions du monde ». En outre, la Chine investit en Afrique.
« Les gouvernements africains doivent maintenant mener des politiques plus ciblées d´exportation vers les pays émergents et avec des produits plus sophistiqués », recommande Abebe Sélassié. A l´heure actuelle, les pays qui tirent le meilleur profit de l´appétit de l´Asie lui fournissent des hydrocarbures. C´est le cas de l´Angola, dont « la part des exportations destinée aux pays en développement d´Asie a augmenté de 22 points, pour s´établir à 50 %, entre 2005 et 2010 ». En comparaison, celle du Kenya n´a progressé parallèlement « que de 2 % pour s´établir à 14 % ». En fait, si l´Angola, dont les hydrocarbures représentent 60 % du Produit intérieur brut, a bénéficié de l´envolée des cours du pétrole et du gaz et des volumes achetés par l´Asie, ce n´est pas le cas du Kenya, dont l´économie est diversifiée.
Pour le FMI, il est clair que la « dépendance accrue » de l´Afrique subsaharienne à l´égard de la demande asiatique a des aspects positifs. Principalement parce qu´elle permet de renforcer « les principaux moteurs de la croissance », à savoir, « surtout, la stabilité politique, le climat des affaires, notamment l´exploitation prudente des ressources naturelles, et la qualité de la gestion économique ».
François Pargny