« L´Afrique est un bon risque et le niveau de rentabilité des sociétés françaises y est élevé », s´est félicité, le 11 janvier, Stephen Decam, secrétaire général du Conseil français des investisseurs en Afrique (Cian), lors de la présentation du rapport 2011 du Cian sur « les entreprises françaises et l´Afrique », dont Le Moci est partenaire.
D’après les résultats du baromètre du Cian, la part des sociétés bénéficiaires a même légèrement progressé entre 2009 et 2010, passant de près de 63 % à plus de 67 %. Et, d´après les 500 entreprises qui ont répondu au questionnaire du Cian entre mai et septembre 2010, elle devrait encore progresser, atteignant ainsi près de 74 % cette année.
« L´ambiance est porteuse », observe Anthony Bouthelier, président délégué du Cian, qui rappelle que l´Afrique a affiché « un taux moyen de croissance de l´ordre de 4 % depuis plusieurs années ». La reprise des investissements est nette. Pour la France, le continent a représenté 40 % des grands contrats signés dans le monde en 2009, se situant au premier rang des zones clientes de l´Hexagone pour ce type de contrats (avec une part française supérieure à trois millions d´euros).
En revanche, l´environnement des affaires reste difficile, avec une note globale moyenne de 2,5 sur 5. D’après le baromètre du Cian, sur les 31 pays du continent étudiés, deux ont obtenu une note inférieure à 2 : la Guinée et la Guinée Equatoriale. Et trois se situent entre 3 et 5 : Tunisie, Maroc et Afrique du Sud. Christine Gilguy, rédactrice-en-chef du Moci (auquel le Cian confie chaque année la publication de son rapport), a souligné, de son côté, que l´environnement des affaires (règles fiscales, juridiques, transparence…) et les infrastructures demeurent « les deux problèmes majeurs de l´Afrique ».
Le Cian représente 1 200 entreprises établies en Afrique, dont un tiers de PME, allant du petit cabinet d´avocats au groupe international comme Total. « Une entreprise n´a pas de pensée », a affirmé à plusieurs reprises Alexandre Vilgrain, président du Cian, qui a refusé de se laisser entraîner sur le terrain politique par les journalistes l´interrogeant sur les émeutes sociales en Algérie et Tunisie et surtout l´imbroglio politique en Côte d´Ivoire (deux présidents, deux gouvernements, etc.).
Egalement président du groupe agroalimentaire Somdiaa, Alexandre Vilgrain a soutenu que le Cian ou une entreprise étrangère en Côte d´Ivoire n´avait pas à prendre parti entre les deux protagonistes, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. « Les PME en Côte d´Ivoire souffrent », s´inquiète-t-il, et les entreprises « font ce qu´elles peuvent ». « Les fonctionnaires sont les mêmes, le ministère des Finances est le même et les sociétés paient leurs taxes au Trésor public comme elles peuvent », a consenti encore à répondre Alexandre Vilgrain, qui a précisé que les entrepreneurs « veulent bien tout, sauf la guerre civile ».
Parmi les évènements politiques récents positifs, Alexandre Vilgrain a cité « l´évolution en Guinée », avec l´élection de l´ancien opposant Alpha Condé. Mais selon lui, le grand évènement actuel, parce qu´il est « systémique », n´est pas en Guinée ou en Côte d´Ivoire, mais au Soudan. Le référendum d´autodétermination du plus grand pays africain devrait selon toute vraisemblance aboutir à l´indépendance du Sud. Alors qu´en Côte d´Ivoire, assure le président du Cian, « la situation ne durera pas ». Le pays du cacao (40 % de la production mondiale) est « un poumon » de l´Afrique, notamment pour le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Ce qui le rend optimiste « à moyen terme ».
François Pargny