Coup dur pour le nucléaire «Made in France» : Eskom, l´électricien public sud-africain a annulé, le 5 décembre, un projet de 9 milliards d´euros comportant la construction de deux ou trois EPR. Areva, associé à EDF, Bouygues et Alstom, fondait de grands espoirs sur ce pays.
Dans le Figaro daté de vendredi matin, Pierre Gadonneix, président d´EDF, réaffirmait encore «la stratégie de développement international telle qu´elle a été annoncée : à savoir la construction d´une dizaine d´EPR à l´horizon 2020 (… dont) deux en Afrique du Sud».
Les motivations qui ont conduit Eskom à cette décision sont la récession qui se traduit par une baisse de consommation, ses propres difficultés financières puisqu´il est en négociation avec la Banque mondiale pour un prêt de 5 milliards de dollars, et le recours massif au charbon dont le pays détient les 6ème réserves mondiales.
D´ailleurs les Français n´ont pas tout perdu puisque Alstom signait en février dernier un contrat de 1,3 milliard d´euros avec Eskom précisément pour équiper une centrale à charbon de 4750 mégawatts. Sans que cela soit exprimé, les Sud-Africains ont peut-être aussi craint une dérive des délais et des coûts. Deux maux qui affectent Olkiluoto 3, le premier EPR en construction en Finlande.
Il est vrai que les Finlandais ont exigé une double enveloppe protectrice du réacteur, contre une seule prévue pour le futur EPR français de Flamanville. Résultat : outre un retard de deux ans avec une mise en service prévue seulement en 2012, le coût final est passé de 3 milliards d´euros à 4,5. De quoi refroidir les clients potentiels. Enfin, la baisse, même temporaire, du prix du baril de pétrole joue également contre la solution nucléaire.
Pour prolonger : Relire Etats-Unis : Areva signe un nouveau contrat pour la construction d´un EPR, Selon l´OCDE, encore un siècle de réserve d´uranium et Deux réacteurs EPR pour l´Afrique du Sud
Jean-François Tournoud