A l´occasion du XIIIe Sommet de la Francophonie, qui s´est déroulé à Montreux (Suisse) du 22 au 24 octobre, la Délégation à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) a publié son rapport annuel au Parlement sur l´emploi de la langue française. Un panorama plutôt pessimiste de la situation du français y est dressé, soulignant son incessant recul face à l´anglais, dans divers secteurs tels que l´économie, la politique et la société.
Si l´on s´intéresse au versant économique du rapport de la DGLFLF, l´un des domaines cruciaux pour l´avenir de la langue est celui de l´entreprise. Les grandes sociétés françaises, dont le fonctionnement s’est internationalisé avec la mondialisation, doivent faire des choix entre la langue du pays d’implantation, la langue d’origine du groupe et l’anglais comme langue véhiculaire.
D´après l´étude de la DGLFLF, les implantations françaises des groupes sont soumises à la loi du 4 août 1994 et sont à ce titre tenues de garantir à leurs salariés l’emploi du français dans les relations de travail. Néanmoins, la majorité de ces entreprises souhaite accroître l´usage de l´anglais en communication internationale et dans les relations entre les filiales françaises et étrangères. Parmi elles, certaines font figure d´exception en faisant du français une marque emblématique, telles l’Oréal et Renault, entrainant une politique de diversification linguistique positive, souligne le rapport.
Autre aspect étudié où l´emploi de la langue est primordial : les institutions internationales. Au sein de l´Union européenne (UE), le recul de la langue française s´accentue. En 2010, le français est passé sous la barre des 10 % (8,32 %), en tant que langue source des documents traduits par la Commission européenne. Le multilinguisme semblerait davantage respecté au Parlement européen, selon la DGLFLF. Les règlements et textes de portée générale sont rédigés dans l’ensemble des langues officielles de l’Union, et le français est la langue du délibéré dans le système juridictionnel communautaire. Pourtant, ces dernières années ont été marquées par un renforcement continu de l’anglais sous l’effet des élargissements successifs à de nouveaux Etats membres dans l´UE en 2004 et 2007.
Entre outre, parmi les grandes organisations internationales seules quatre utilisent le français comme langue officielle (OMC, CNUCED, ONU, PNUD et OCDE), le FMI et la Banque Mondiale n’ayant pas de langue attitrée. La majorité des documents de ces institutions sont malgré tout rédigés en anglais et les fonctionnaires francophones préfèrent s’exprimer en anglais, « la seule langue
du commerce« , convaincus que cela « renforce leur crédibilité« , souligne la DGLFLF.
Enfin, le rapport fait le point sur la situation du français au Maghreb, où la langue est chargée d´un fort affect. Depuis la colonisation, elle s´est imposée dans les trois pays de la région (Algérie, Maroc, Tunisie) et continue aujourd´hui à jouer un rôle de premier plan dans les « échanges quotidiens », notamment dans le monde du travail. Les compétences linguistiques en français constituent un des critères déterminants pour l’embauche de diplômés. Si bien que, dans ces trois Etats, le français restera un moyen fort d’intégration économique et sociale, affirme le rapport de la DGLFLF.
Alix Cauchoix