Malgré l’éclatement de la bulle boursière saoudienne il y a quelques mois, 2006 s’annonce comme une nouvelle année faste pour le royaume wahabite. Le PIB saoudien devrait ainsi passer de 307,8 milliardsde dollars en 2005 à environ 346,3 milliards cette année.
Cet afflux monétaire incite Riyad à régler partiellement son énorme dette publique, en grande partie contractée sur le marché local. En effet, la dette du gouvernement saoudien représentait 82 % du PIB en 2003. Elle est passée à 65 % en 2004, puis à 46,5 % en 2005. Le FMI prévoit qu’elle baissera à 27,1 % à la fin de l’année. Quant aux avoirs nets en devises étrangères (officiels et privés), ils atteignent plus de 163 milliards d’euros, en progression de presque 43 %.
Cette situation financière plus que confortable fait que les autorités semblent décidées à utiliser les excédents budgétaires massifs (57 milliards de dollars en 2005), générés par la production de 9,5 millions de barils/jour de brut dont le pays est le premier exportateur mondial, aux financements de vastes projets de développement. Elles poursuivent un double but : fournir des emplois à la population masculine saoudienne au chômage (alors que 6 millions de travailleurs étrangers occupent les emplois les moins qualifiés) et développer les régions qui ont encore peu bénéficié des largesses publiques. Le montant total des projets est estimé officiellement à 1 000 milliards de dollars sur les 20 prochaines années.
Toutes deux seront édifiées à proximité de villes déjà existantes, mais sans liens avec celles-ci : l’une, King Abdallah Economic City (KAEC), sur la côte, l’autre, Prince Abdul Aziz bin Musaes Economic City, en plein désert (voir article suivant, page 40). À chaque fois, les grands groupes privés saoudiens et le secteur public (30 %) sont associés. Pour la première, l’impulsion vient de la très ambitieuse société d’investissement immobilier de Dubaï, Emaar Properties (qui a obtenu, fait unique, que la totalité de KAEC soit une zone franche), en pleine accélération de son développement international, et, pour la seconde, de l’agence gouvernementale saoudienne Sagia.
L’appétit immobilier d’Emaar en Arabie reste entier puisque, début mai dernier,il a créé une coentreprise pour construire 20 000 unités de résidence à Djeddah (11,2 milliards de dollars) réparties en 24 villages autonomes. En outre, les deux sociétés ne comptent pas en rester là. D’ores et déjà, trois à cinq autres cités (sans doute plus petites) sont à l’étude. Les sites possibles sont également identifiés : Ras az Zour (sur le Golfe), Haql (nord de Tabuk), Yanbu, Gizan.