Une enquête du magazine The Asian Banker a récemment fait le point sur l´état de santé de la finance islamique dans le monde. Bilan : elle se porte à merveille avec une augmentation de 66 % des actifs des 100 plus grandes banques islamiques en 2008. Leurs actifs sont passés de 244,5 milliards d´euros fin 2007 à 405 milliards d´euros à la même période en 2008.
Ces banques ont en effet échappé au coup de Trafalgar qui a frappé la finance mondiale. L´interdiction du prêt à intérêt leur a évité de s´aventurer dans les méandres des subprimes et la prohibition de la spéculation les a tenues à distance des marchés les plus risqués. Une étude de Standard and Poor´s estime la manne du marché bancaire islamique à quelque 2 900 milliards d´euros. Selon l´enquête de The Asian Banker, les banques iraniennes tiennent le haut du pavé même si les banques saoudiennes restent les plus rentables. Seules deux banques occidentales, en l´occurrence britanniques, figurent dans le top 100. Et la France ?
La première tentative française de constituer un fonds islamique s´est soldée par un échec. Lancée en 2008 à la Réunion par une filiale de la Société Générale, elle a dû cesser ses activités en avril dernier, faute de rendement suffisant. En juillet dernier, Christine Lagarde a évoqué une réforme législative pour cet automne, qui permettrait l´émission de sukuk, les obligations islamiques, et de concurrencer Londres. Anticipant ce changement de la loi, plusieurs banques islamiques auraient fait des demandes d´agrément auprès de la Commission bancaire.
Selon une étude des économistes Elyès Jouini et Olivier Pastré, la France pourrait espérer collecter 120 milliards d´euros d´encours d´ici 2020. En outre, une étude de l´Ifop sur les musulmans de France montre que 47% d´entre eux seraient « interessés par des produits d’épargne conformes à l’éthique musulmane ». Ceci étant, le retard pris par la réglementation française n´a pas empêché le fonds d´investissement d´Abou Dhabi d´investir en France grâce à un partenariat noué avec le Fonds stratégique d´investissements français (FSI) en mai dernier.
Sophie Creusillet