En consacrant, le 17 juillet, une table ronde au thème de l’innovation, de la recherche et du développement économique dans le cadre de ses Journées du réseau (15-18 juillet), le ministère des Affaires étrangère et du développement international (MAEDI) avait deux objectifs : d’abord mobiliser l’ensemble des acteurs (ambassades, universités, instituts, pôles de compétitivité, entreprises…) autour de la politique d’influence que doit mener la Maison France dans le monde, et mettre une nouvelle fois en lumière le rapport étroit entre innovation et développement international des entreprises à travers les exemples de programmes méconnus soutenus par le réseau diplomatique.
Une relation étroite soulignée, dès le début de la table ronde, par Jacques Maire, le patron de la Direction des entreprises et de l’économie internationale (DEEI), qui la présidait et l’animait en personne. Le directeur de la DEEI a souligné la volonté du Quai d’Orsay de « renforcer la diplomatie économique » en apportant un « soutien aux grands groupes, aux pôles de compétitivité, aux startup, aux PMI et ETI ». Différents programmes ont ainsi été mis en place et des postes de conseiller en innovation créés dans des ambassades à l’étranger.
Ainsi, en Chine, le programme Coopol Innovation France-Chine, lancé en mars 2008, s’adresse-t-il « aux pôles de compétitivité, aux PME innovantes avec leurs partenaires de la recherche académique que l’on accompagne dans leur prospection en Chine », explique Xavier Baillard, attaché Innovation au sein du Service pour la science et la technologie à l’ambassade de France à Pékin. Tous les ans, quatre à cinq tandems entreprises-partenaires de France sont ainsi constitués, dans le cadre d’appels à projets. « Çà marche, affirme-t-il, parce la Chine fait peur aux PME et que le véritable niveau scientifique de la Chine est méconnu et sous-évalué ».
S’agissant la politique d’influence de la France, l’ambassade à Pékin joue aussi un rôle de promotion de la technologie française, en communiquant auprès des partenaires chinois. Une lettre d’informations en chinois a été lancé et des évènements « de mise en lumière » de la technologie française sont organisés. « C’est indispensable. L’image de la France, c’est le romantisme et le luxe. Et il est difficile en Chine de percevoir la France comme un pays d’innovation ».
En Israël où un attaché Innovation vient d’être nommé, Jacques Baudier, attaché scientifique et universitaire de France en Israël, se félicite de « la coopération naturelle entre le Service économique et le Service scientifique » et souligne aussi l’importance du « travail d’information » dans un pays « qui connaît mal l’innovation et la technologie françaises ». Différents programmes ont aussi été lancés par la France en Israël (Farid, Concours mondial de l’innovation…) qui ont, notamment, abouti à des partenariats entre startup des deux nations.
Aux États-Unis, la Mission pour la science et la technologie (MS&T), présente à la fois à Boston, où elle dispose aussi d’un attaché Innovation, à Washington et San Francisco, « travaille étroitement avec le Service économique régional, Ubifrance, l’Afii et aujourd’hui avec le récent French Tech Hub à San Francisco qui va bientôt se déployer aussi à Boston », expose Minh-Hà Pham, conseiller à la MS & T à Washington. Depuis cinq ans, le programme New Technology Venture Accelerator (Netva) accompagne des jeunes entreprises innovantes, issues de structures d’incubation ou bénéficiant de technologies provenant du système française de recherche. C’est un programme d’accompagnement personnalisé pour se familiariser avec les marchés américains des hautes technologies. Les lauréats, 15 au plus (mais ils étaient 87 candidats, par exemple, cette année) sont retenus dans le cadre d’un concours national et bénéficient notamment d’un séminaire d’immersion à Boston, San Francisco ou Washington.
« Sur 46 lauréats en cinq ans, ces jeunes entreprises opèrent surtout dans les services de développement et informatique, mais aussi les technologies propres », confie Minh-Hà Pham. Et, ajoute-t-elle, « trois ont ouvert une filiale, cinq conclu un partenariat bilatéral, douze envisagent de s’installer et trois lèvent des fonds supérieurs à un million de dollars ».
A côté de Netva, qui sera ouvert au Canada l’an prochain, le programme Young Entrepreneurs Initiative (YEI), mené en partenariat avec l’Afii, permet à des sociétés américaines en France – 10 à 20 chaque année – de se familiariser à la culture française. Avec, comme objectif notamment, de susciter parmi ces citoyens des États-Unis l’envie de créer de jeunes entreprises innovantes sur le sol français.
François Pargny