Les gisements de calcaire et d’argile de Ras Al Khaimah ont permis d’abord l’émergence de cimenteries, dont quatre figurent aujourd’hui au top 10 des entreprises émiriennes en termes de bénéfices, selon le rapport annuel d’Oxford Business Group.
Puis, en 1989, RAK Ceramics fut lancée. En 15 ans à peine, cette entreprise est devenue le premier producteur de carrelage en céramique du monde (115 millions de m2 annuels), avec une part de marché de près de 10 % en Allemagne. Une concurrence qui a surpris les centres historiques de la céramique comme l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne. Avec un chiffre d’affaires de 909 millions de dollars en 2010, le groupe compte 10 usines dans l’émirat et cinq implantations à l’étranger.
Le secret : « Investir dans la R&D et produire toujours avec les dernières technologies », affirme Khater Massaad, le fondateur du groupe, également aux commandes de l’Autorité des investissements de Ras Al Khaimah, RAKIA (Ras Al Khaimah Investment Authority).
C’est à partir de cette success story, basée sur des coûts de production peu élevés et une taxation quasi nulle, que RAKIA a drainé une série d’industries satellites venues surfer sur le boom immobilier et touristique : Guardian RAK, le français Arc International ou, plus récemment, Global Glass Solution qui s’est établi fin 2009 dans la zone d’Al Ghail. « Nous avons choisi Ras Al Khaimah en 2007 à une époque où Dubaï était trop cher, » se rappelle Hassan Anouti, le directeur développement de Ginox, une compagnie suisse qui fabrique des cuisines professionnelles pour l’hôtellerie. Basée à Montreux, c’est sa première implantation à l’étranger, dédiée aux marchés Mena (Middle Est and North Africa – en français Moyen-Orient et Afrique du Nord) et Inde. Pour Ginox, les Émirats sont un très gros marché. « L’avenir, pour nous, c’est la rénovation des hôtels, plus les nouveaux projets, car on ne sait jamais quand arriveront les fonds. » L’entreprise a également ouvert un bureau au Qatar pour se préparer aux besoins de la Coupe du monde de football 2022.
« Attention, ici tout prend trois fois plus de temps qu’en Europe, mais Ras Al Khaimah a pour avantage que tout restera toujours moins cher. » À raison de 15 à 20 dirhams (1,42 à 1,43 euro) le mètre carré, le prix du terrain industriel est en effet imbattable. RAKIA compte aujourd’hui près de 650 industries (17 % des licences). Parmi elles, la plus grosse usine pharmaceutique de la région, Gulf Pharmaceutical Industries (Julphar) : 440 produits génériques fabriqués dans neuf usines et bientôt une usine d’insuline. En mars 2010, le gouvernement a signé un contrat avec le coréen SeAH Steel pour une activité sidérurgie à RAKIA sur 250 000 m2. Enfin, en décembre dernier, la toute première usine d’assemblage automobile des Émirats a été inaugurée dans la zone industrielle d’Al Ghail – une joint-venture entre l’indien Ashok Leyland et RAKIA. Elle devrait produire bientôt 2 000 bus et poids lourds par an.
Isabelle Durand
Énergie : en attente de la concrétisation des projets
L’insuffisante production d’électricité est la plaie des émirats du Nord, celle qui a forcé les entreprises à fonctionner avec des générateurs pendant des années. Depuis 2009, deux centrales à gaz ont été construites par RAKIA pour alimenter ses deux zones industrielles, l’une, d’une capacité de 45 MW, pour Al Hamra, l’autre, de 84 MW, pour Al Ghail. Le gouvernement fédéral a annoncé début 2011 une enveloppe de 5,7 milliards de dirhams (environ 600 millions d’euros) pour développer les infrastructures électriques et d’eau dans les émirats du Nord. Des fournisseurs privés d’électricité ont également fait leur apparition l’an dernier, comme Utico, qui a signé des accords avec le gouvernement et plusieurs entreprises.
I. D.