L’Île de France ne
rendra certainement pas fin mars son Plan régional d’internationalisation des
entreprises (PRIE), comme le souhaitait initialement Nicole Bricq : la
concertation pour l’élaboration de ce plan a été lancée le 28
février seulement, donnant lieu à une conférence débat à l’hôtel de
région préparée par Christine Balian, directrice du développement économique et
de l’innovation de la Région et conduite par Jean-Paul Planchou, vice-président
du Conseil régional. Et elle se prolongera jusqu’à fin mars, avec la tenue de
trois ateliers auxquels les inscriptions sont libres*.
Les Régions
veulent maîtriser leur agenda
Une démonstration que
les Régions entendent maîtriser leur agenda, leur méthode et leur capacité
d’initiative pour prendre en main le pilotage de la politique d’internationalisation
des entreprises, un rôle que doit leur conférer la prochaine loi de
décentralisation qui leur donne le pouvoir en matière de développement
économique. A fortiori la Région Capitale, qui est la première région
exportatrice de France (17,9 % des exportations françaises de biens en 2012
avec 77 milliards d’euros) mais aussi la première région importatrice (26 %)
avec un déficit structurel (56 milliards d’euros en 2012).
Ses plus gros
secteurs d’exportation sont la construction automobile, la pharmacie et la
construction aéronautique et spatiale, mais elle a aussi une part élevée dans
l’électricité, les équipements de télécommunications, les produits de
luxe. Et elle est davantage tournée vers le grand export (Asie, États-Unis)
que la moyenne nationale (47 % seulement vers l’Union européenne contre près de
60 % pour le reste de la France).
Et pourtant, l’export et le soutien à l’internationalisation des entreprises, en tant qu’orientation de politique économique, est un sujet très nouveau pour la Région, qui finançait jusqu’à présent de nombreux projets ayant un lien avec ce domaine -ne serait-ce que l’innovation- sans une stratégie et une organisation vraiment orientées sur cette priorité.
Une concertation large
La démarche
francilienne, qui vise à se doter d’une stratégie et d’une organisation cohérentes en matière de soutien à l’internationalisation des entreprises,
privilégie une concertation large : les résultats de plusieurs études sur les
besoins des PME pour s’internationaliser où les difficultés qu’elles
rencontrent ont été présentés. Dans la salle, beaucoup de représentants
d’institutions piliers du dispositif de soutien au commerce extérieur (dont
Ubifrance, avec Lorenzo Cornuault et Elisabeth Rochas, respectivement directeur
de la Communication et de l’action régionale et directeur régional
d’Ubifrance ; CCI Paris Ile de France, dont le directeur général adjoint en
charge de l’international, Gilles Dabezie, avait été invité à présenter la
nouvelle organisation), mais aussi des responsables de structures régionales,
pôles de compétitivité et clusters, ou encore de chefs d’entreprises venus
partager leur expérience et des consultants spécialisés dans l’accompagnement
d’entreprises à l’international.
La ministre du
Commerce extérieur, qui est pragmatique et favorable à la décentralisation, ne
se formalise d’ailleurs pas de cette volonté de s’approprier le sujet de
l’export, dont les régions ont été jusqu’à présent formellement exclues d’un
point de vue politique : Nicole Bricq est venue à la clôture de cette
réunion francilienne organisée dans une salle de l’hôtel de région, en avance
sur l’horaire -elle venait du séminaire gouvernemental de Gennevilliers sur le
numérique- et sans cérémonial particulier, se montrant à l’écoute tout en
veillant à réexpliquer les grands axes de sa politique.
Pas de guichet
unique, plutôt un « interlocuteur unique »
Jean-Paul Planchou a
dressé les premières tendances du débat en résumant la matinée. Première grande
tendance : sur les éléments du diagnostic, « les PME n’ont pas jusqu’à
présent suffisamment pris au sérieux ce qu’est la conquête à l’international, a-t-il
indiqué, et cette carence en marketing stratégique se paye très chère », ce
qui nécessite un « accompagnement des opérateurs publics et privés ».
Deuxième grande tendance : la prise de conscience de la nécessité de « ne
pas aller à l’international seule », à l’instar des PME allemandes, et le
besoin de faire émerger une pratique « de réseau actif » avec des
projets basés sur des couples filière/pays. Et enfin, au niveau des
dispositifs d’accompagnement et d’aide, une seule priorité :
« efficacité, efficacité, efficacité ». Et dans ce domaine, a précisé
l’élu régional, « on n’a pas trop parlé de guichet unique, mais plutôt
d’interlocuteur unique ».
La
« French House » de San Francisco inspire Ubifrance et Nicole Bricq
Nicole Bricq, pour sa
part, s’est montrée une nouvelle fois pragmatique : si les Régions se sont
inscrites dans une stratégie nationale en s’engageant, en septembre dernier,
dans un nouveau partenariat avec l’État sur la question du développement
économique, « je ne suis pas un caporal, c’est aux régions de
s’organiser ».
Et d’indiquer qu’elle
y puiserait même des idées pour démultiplier leurs meilleures
pratiques : ce sera le cas de la « French House » de San Francisco
qu’a implantée la Région île de France pour accueillir outre-Atlantique les
startups franciliennes du numérique en quête d’expansion internationale. Une
expérience dont Ubifrance, qui promeut les TIC françaises depuis deux
ans, souhaite s’inspirer, a-t-elle précisé. « Il faut un lieu d’accueil à l’étranger, et
j’ai proposé de démultiplier ce modèle. C’est un travail que je vais reprendre
à partir de l’exemple francilien » a annoncé Nicole Bricq. Une manière de
montrer qu’elle est prête à composer avec toutes les initiatives
régionales.
* Trois
ateliers sont prévus dans le cadre de cette concertation :
– le 26 mars, pays et filières : quelles filières prioritaires, quels pays
cibles en fonction des axes fixés par la ministre du Commerce extérieur
(agroalimentaire, santé, TIC, mobilité);
– le 27 mars, financement : comment financer son développement export,
articulation avec la BPI;
– le 29 mars : gouvernance, guichet unique, plateforme : comment organiser la
réponse aux demandes des entreprises (hotline, site Internet, parcours de PME,
guichets) et les accompagner dans leurs démarches export.
Moci Pratique
:
Contact à la Région
Ile de France pour des renseignements sur cette concertation et participer aux
ateliers :[email protected]
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