En quête de diversification des sources d’approvisionnement en gaz afin de réduire la dépendance au gaz russe, dans le cadre de son plan « REPowerEU », la Commission européenne intensifie ses efforts pour sécuriser de nouveaux partenaires énergétiques, quitte à accélérer des négociations en cours sur des accords plus globaux. C’est chose faite avec l’Azerbaïdjan depuis le 18 juillet.
Lors d’un déplacement à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, le 18 juillet, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a signé avec le président Ilham Aliyev un nouveau protocole d’accord sur un partenariat stratégique dans le domaine de l’énergie*.
Concrètement, cet accord comprend un engagement à doubler la capacité du corridor gazier sud-européen afin de fournir chaque année au moins 20 milliards de mètres cubes d’ici à 2027 à l’Union européenne (UE), précise un communiqué de Bruxelles. Il doit ainsi contribuer à la réalisation des objectifs de diversification du plan « REPowerEU » et doit aider l’Europe à mettre un terme à sa dépendance au gaz russe. Dans le cadre de la coopération renforcée dans le domaine de l’énergie, l’Azerbaïdjan a déjà augmenté ses livraisons de gaz naturel à l’UE, passant de 8,1 milliards de mètres cubes en 2021 à 12 milliards de mètres cubes prévus pour 2022, indique également le communiqué.
Les deux blocs ont également réaffirmé leur ambition commune d’accélérer le développement et le déploiement de capacités de production et de transport d’énergies renouvelables afin de tirer parti des synergies entre la transition de l’UE vers une énergie propre et le potentiel inexploité considérable de l’Azerbaïdjan en matière d’énergies renouvelables, en particulier dans le secteur de l’énergie en mer.
Les deux parties ont également convenu, précise encore le communiqué, de l’importance de l’engagement mondial concernant le méthane et reconnaissent que rendre la chaîne d’approvisionnement en gaz naturel aussi efficace, respectueuse de l’environnement et du climat que possible est une « responsabilité collective ». Le protocole d’accord soutient donc la création de systèmes de récupération du gaz naturel qui, autrement, serait mis à l’évent, brûlé à la torche ou rejeté dans l’atmosphère.
Kadri Simson, commissaire chargée de l’Énergie, qui accompagnait la présidente de la Commission à Bakou, précise dans le communiqué : « Le nouveau protocole d’accord souligne le rôle stratégique du corridor gazier sud-européen dans les efforts de diversification que nous déployons. L’Azerbaïdjan a déjà augmenté ses livraisons de gaz naturel à l’UE et cette tendance se poursuivra : cette année, jusqu’à 4 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires seront fournis et, d’ici à 2027, les volumes devraient plus que doubler. Mais notre coopération va plus loin car elle vise également à accélérer le déploiement des énergies renouvelables et à lutter contre les émissions de méthane ; ces mesures permettront à la fois d’accroître la sécurité de l’approvisionnement et de contribuer à la réalisation de nos objectifs climatiques ». Le commissaire devra organiser « un dialogue sur l’énergie entre l’UE et l’Azerbaïdjan » avec le ministre ministre azerbaïdjanais de l’Énergie, Parviz Shahbazov.
Un accord global en cours de négociation
Ce protocole d’accord sur l’énergie est toutefois conclu dans l’urgence, alors que l’Union européenne (UE) et se pays d’Asie centrale riche en hydrocarbures, sont en train de négocier un nouvel accord global devant permettre de renforcer la coopération dans un large éventail de domaines (diversification économique, investissements, commerce) tout en soulignant, précise un communiqué de la Commission, « l’importance des droits de l’homme et de l’état de droit ». Dans la foulée de cette visite, le Conseil de coopération UE-Azerbaïdjan se réunira le 19 juillet à Bruxelles pour « faire le point sur les relations globales et aborder des domaines potentiels d’intérêt mutuel pour une coopération future ».
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, l’assume parfaitement dans le communiqué : « Aujourd’hui, en signant ce nouveau protocole d’accord, nous ouvrons un nouveau chapitre de notre coopération énergétique avec l’Azerbaïdjan, un partenaire clé de nos efforts pour abandonner les combustibles fossiles russes. Nous cherchons non seulement à renforcer notre partenariat existant, qui garantit un approvisionnement stable et fiable de l’UE en gaz via le corridor gazier sud-européen, mais nous jetons aussi les bases d’un partenariat à long terme sur l’efficacité énergétique et les énergies propres, étant donné que nous poursuivons tous deux les objectifs de l’accord de Paris. Cependant, l’énergie n’est qu’un des domaines dans lesquels nous pouvons intensifier notre coopération avec l’Azerbaïdjan et je me réjouis à la perspective d’exploiter pleinement le potentiel de nos relations ».
C.G
*Le protocole d’accord est consultable (en anglais) sur le site de la Commission, cliquez ICI