Annoncée l’été dernier, la « coentreprise commerciale » issue du partenariat stratégique entre Air France KLM et CMA CGM dans le fret aérien a été officiellement lancée le 3 avril après l’obtention de toutes les autorisations réglementaires. Avec l’ambition de prendre une position de leader.
Cela pourrait ressembler au type d’Alliance que l’on connaît dans le maritime, association d’armateurs qui permet la mutualisation des capacités et le partage des corridors. Mais cette coentreprise commerciale va plus loin, notamment dans le domaine commerciale et de la R&D selon les détails dévoilés par les deux partenaires dans un communiqué conjoint.
Concrètement, Air France KLM Martinair Cargo et CMA CGM Air Cargo ont créé, pour une « durée initiale de 10 ans », « une co-entreprise commerciale mettant en commun les offres complémentaires des deux groupes dans le fret aérien, avec des capacités cargo accrues, un réseau de destinations plus étendu et des solutions sur mesure ».
Cette nouvelle offre commerciale dans le fret aérien sera accessible en continu, autrement dit 24/24 h et 7 jours sur 7 via une « plateforme unique » dénommée « myCargo », un portail développé par Air France-KLM.
Les deux partenaires mettent chacun leurs atouts dans cette « coentreprise commerciale » : l’expérience et l’expertise d’Air France-KLM dans le domaine du fret aérien, notamment en matière de transport de marchandises spécialisées (produits pharmaceutiques, denrées périssables, express, etc.), « grâce au réseau cargo mondial du groupe et aux installations aux derniers standards de l’industrie dont il s’est doté dans ses hubs mondiaux de Paris-Charles de Gaulle et Amsterdam-Schiphol ». CMA CGM, « jeune pousse » du fret aérien puisqu’elle a commencé à y investir il y a deux ans à peine, après les fortes perturbations liées à la pandémie, apporte pour sa part son « réseau commercial et sa plateforme logistique mondiale ».
Réunissant deux acteurs qui étaient de petite taille sur le marché du fret aérien et pas en mesure de rivaliser avec les compagnies du Golfe ou de Turquie, la nouvelle « coentreprise », plus importante, se positionne comme un acteur pouvant répondre aux besoins les plus spécifiques des clients du fret aérien, parmi lesquels on trouve les industriels du luxe ou de la pharmacie ou des industries de pointe : une capacité tout-cargo accrue, des capacités additionnelles dans les soutes d’avions passagers, un réseau de destinations élargi, une combinaison de vols réguliers et de vols charters, une amélioration des temps de transit et de la flexibilité, des opportunités de correspondances dans le monde entier.
Les clients bénéficieront également d’un service client renforcé grâce à un réseau mondial d’agences et à un service dédié aux demandes spécifiques intégrant une cellule « BIG » dédiée aux expéditions de grande taille.
Concrètement, la flotte cargo mutualisée comprend 12 avions, dont les 6 appareils tout cargo de CMA CGM Air Cargo, basés initialement à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle (avec des commandes en cours pour 6 appareils supplémentaires), et les 6 appareils tout cargo d’Air France-KLM, basés à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et à l’aéroport Amsterdam Schiphol (avec des commandes en cours pour 8 appareils supplémentaires, destinés notamment à renouveler la flotte actuelle). S’y ajoutent les soutes des vols passagers long courrier d’Air France KLM, qui compte en propre 160 appareils.
Enfin, la nouvelle coentreprise affiche l’ambition de « renforcer la compétitivité des deux groupes à l’échelle de l’industrie », d’investir dans l’innovation afin « d’atteindre des niveaux de qualité dépassant les standards de l’industrie », notamment dans « la digitalisation intelligente », et d’investir dans les solutions de décarbonation (notamment par l’achat d’avions de nouvelle génération et l’usage des carburants d’aviation durable ou SAF) afin de parvenir à tenir les objectifs « Net Zero Carbon» d’ici 2050. Dans ce domaine, Air France KLM a lancé en décembre 2021 le premier programme SAF au monde tandis que CMA CGM a créé un Fond Énergies doté de 1,5 milliards d’euros et destiné à investir dans la transition énergétique, notamment la production industrielle de carburants propres.