Lancé en 2014 à New York, le site de French Wink (le clin d’œil français) propose aux expatriés et Américains francophiles des produits évoquant l’art de vivre de leur pays d’origine ou de cœur. À des années lumières de l’état d’esprit des géants du e-commerce, les deux dirigeantes ont misé sur un marché de niche et joué la carte de l’omnicanalité. Une stratégie gagnante.
Deux jours. En mars 2020, confinement oblige, c’est le délai qu’ont eu Claire Obry et Myline Descamps pour référencer sur leur site de vente en ligne les produits de la boutique qu’elles avaient ouverte deux mois plus tôt en plein Manhattan.
Avec l’aide de leurs partenaires, les propriétaires du restaurant voisin, Ocabanon, qui gèrent la partie épicerie, elles ont basculé leurs ventes sur leur site Internet. Une prouesse pour ce duo également présent dans les coffrets cadeaux pour les entreprises, dans la conception de « pop-up stores » pour des marques françaises (les montres Michel Herbelin, par exemple) ainsi que dans les opérations de promotion de Business France dans les secteurs de la mode et de la gastronomie.
« Avec le confinement, les ventes se sont envolées : auparavant on recevait une à deux commandes en ligne par semaine, aujourd’hui, c’est 20 par jour, se félicite Claire Obry. L’e-commerce est désormais la première source de notre chiffre d’affaires. »
Une commission de 35 % du prix retail
Les produits alimentaires ont fait un carton, profitant de l’effet « comfort food », la nourriture réconfortante. Le site propose également des objets de décoration, des produits de beauté, des vêtements, des jouets…
Certaines références ne sont disponibles sur le marché américain que sur French Wink, comme les chocolats Pompon, les produits de d’hygiène et de beauté Beauty Garden, les parfums Paris mon Amour ou les cosmétiques Snö Eternelle qui bénéficient au passage d’une visibilité auprès des consommateurs américains.
« La curation des marques prend beaucoup de temps et nous recevons de nombreuses demandes, mais nous savons ce qui marche et nous fonctionnons avec transparence et bienveillance, précise Claire Obry. On a arrêté de travailler avec des gens quand ça ne le faisait pas. »
French Wink prend une commission de 35 % du prix retail. Les marques fixent elles-mêmes leur prix et gèrent le réapprovisionnement depuis l’interface dédiée aux vendeurs. « Avec une multitude de fournisseurs et des envois partout aux États-Unis, la logistique est complexe et nous avons opté pour le dropshipping », annonce Myline Descamps. C’est donc le fournisseur qui s’occupe du transport.
D’autres produits sont confiés en dépôt-vente et stockés dans un entrepôt. « Nous ne proposons pas la livraison gratuite comme c’est la norme aux États-Unis, mais nous sommes sur un marché de niche où les consommateurs sont prêts à payer plus pour un produit qu’ils ne trouvent pas ailleurs. »
Aucune formation e-commerce avant de se lancer
Respectivement issues de la médiation interculturelle et de la communication (Claire Obry) et du commerce international (Myline Descamps), aucune des deux dirigeantes n’avait de formation dans l’e-commerce avant de se lancer dans l’aventure.
Le site de French Wink a été créé avec Shopify et a été complété ensuite avec une quinzaine d’applications. Deux e-commerce managers s’occupent de la partie technique et, depuis peu, une responsable du marketing digital est venue parfaire l’équipe pour s’occuper des 70 marques présentes sur le site.
Après une année rocambolesque qui a vu la bascule de son activité sur l’e-commerce et la fermeture d’une boutique à peine ouverte, mais qui devrait rouvrir bientôt, French Wink multiplie les projets : un partenariat avec l’Alliance française de New York pour son prochain Bastille Day, des programmes d’affiliation avec des influenceurs, la création d’une marque French Wink, le développement de la présence des produits dans des magasins physiques, le lancement de produits spécialement créés pour French Wink… Et, ajoute Claire Obry, « pourquoi pas, un jour, ouvrir des boutiques en France ! »
Sophie Creusillet
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