Cinq ans après le lancement du plan French Touch, Bpifrance dresse un bilan solide de 10 milliards d’euros déployés depuis 2020 pour 20 000 entreprises des industries culturelles et créatives (ICC). À la veille de la 5e édition de We Are French Touch, ce 26 novembre au Palais Brongniart, la banque publique détaille une nouvelle phase : l’internationalisation de la plateforme.
« Quand nous sommes pris en étau entre forces digitales atlantiques et puissances industrielles asiatique, c’est par la culture que nous desserrons l’étreinte ! », a lancé Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance dans un communiqué.
En cinq ans, la French Touch s’est imposée comme un acteur stratégique de l’économie culturelle française. Incarnée par le logo du coq orange, elle s’est affirmée comme un label fédérateur ainsi qu’un outil d’investissement global qui couvre un large éventail de secteurs créatifs : mode et luxe, audiovisuel, design, jeu vidéo, musique, édition et arts visuels. Aujourd’hui, les ICC représentent près de 5 % du PIB, 143 milliards d’euros de valeur ajoutée et 1,7 million d’emplois.
Avec son programme, Bpifrance accompagne depuis 2020 les entreprises des ICC dans leur développement et leur rayonnement à l’international. En cinq ans, elle a mobilisé, 10 milliards d’euros, dont 5,5 milliards d’euros de cofinancements avec les banques, 1,8 milliards d’euros de garanties, 1,3 milliard d’euros en investissements en capital, 716 millions d’euros dédiés au financement de projets innovants, 726 millions d’euros spécifiquement fléchés vers l’export ainsi que 8 missions export et 9 accélérateurs sectoriels.
Ce développement s’appuie aussi sur une communauté de 220 entreprises créatives dont 25 ambassadeurs, ainsi que des opérations de visibilité comme We Are French Touch, SXSW Austin, BIG, ou encore des partenariats avec une vingtaine d’événements BtoB.
Des ICC françaises mieux armées pour conquérir l’international
Depuis le début de la plateforme, la dimension export s’est matérialisée à travers des programmes d’inspiration, d’immersion et d’accompagnement sur zone.
Plusieurs entreprises témoignent déjà de l’effet d’entraînement de la plateforme. Le groupe Zorba par exemple, expert en narration visuelle, en contenus novateurs et en imagerie immersive, a intégré le programme Cultur’Export – zone USA en 2023. Cette participation a abouti à un renforcement ciblé de ses compétences, incluant deux missions d’immersion aux États-Unis (New York et Austin) et la concrétisation de contrats de plusieurs millions d’euros avec de nouveaux partenaires américains.
Soutenu par une injection de fonds en capital en 2025, le groupe Perrotin, galerie d’art contemporain, poursuit sa stratégie d’expansion dans de nouveaux hubs artistiques mondiaux (Tokyo, Dubaï, Shanghai…). Un exemple emblématique d’entreprise française qui exporte du soft power culturel.
Désormais, à l’horizon 2030, la French Touch a pour ambition de devenir la première plateforme mondiale de financement de l’économie créative, avec plus de 2 milliards d’euros déployés par an d’ici 2030 et 20 milliards d’euros cumulés entre 2020 et 2030. Pour cela, Bpifrance mise sur la structuration d’un réseau international de plateformes créatives. Cette année, elle a déjà signé des accords de coopération avec TAICCA (Taiwan Creative Content Agency) en février 2025, et va en conclure un avec EIT Culture & Creativity (Europe) prochainement.
Et ce n’est qu’un début, selon Nicolas Parpex, directeur French Touch Capital et pilote du plan. D’après lui, l’objectif serait de 1 à 2 nouveaux accords internationaux par an. « On veut couvrir toutes les grandes zones stratégiques, avec dans nos intentions, une nouvelle priorité qui pourrait être accordée au Middle East », détaille-t-il.
Début 2026, Bpifrance publiera French Touch Vision, une étude d’intelligence économique qui analyse les transformations structurelles de la filière, comme la guerre de l’attention, l’IA générative, l’évolution des modèles économiques et l’hybridation des formats créatifs. Son objectif est d’aider les entreprises à anticiper, pivoter ou saisir de nouveaux marchés.
Kétana Men
