Le Cross Channel Institute, think tank de la Chambre franco-britannique vient de publier son baromètre annuel des échanges entre la France et le Royaume-Uni. Leur stabilisation en 2024 et une volonté politique commune de donner un nouveau départ aux relations économique transmanche ouvrent des perspectives pour les PME tricolores.
« La résilience, la force et des liens étroits sont le moteur de la dynamique franco-britannique », a résumé le président du Cross Channel Institute Olivier Campenon, par ailleurs président du groupe d’édition juridique Lefebvre Dalloz. De fait, les échanges commerciaux entre la France et le Royaume-Uni ont atteint 123 milliards d’euros (Md EUR) l’an dernier, soit autant que l’année précédente et 10 Md EUR de plus qu’en 2022.

Concernant les seuls biens, les exportations françaises ont cependant décroché de 9 %, à 44 Md EUR. Rien d’inquiétant selon Chantana Sam, économiste chez HSBC et contributeur du baromètre : « Le recul des exportations de biens s’explique en grande partie par la diminution des ventes de machines et d’équipements de transport, traduisant un cycle d’investissement des entreprises peu dynamiques, freiné par des taux d’intérêt élevés et une incertitude politique accrue ».
Hausse des échanges de services
La balance commerciale de ce secteur reste néanmoins excédentaire, ainsi que celles des produits chimiques et pharmaceutiques, des aliments et animaux vivants et des boissons.
Les exportations de services ont quant à elles grimpé de 14 % pour atteindre 24 Md EUR. Les JO de Paris y sont pour beaucoup, cette hausse étant essentiellement tirée par le secteur du tourisme et des voyages dont les exportations tricolores ont bondi de 19 %. Les services aux entreprises ont par ailleurs progressé de 10 % l’an dernier.

Malgré un bilan 2024 placé sous le signe de la stabilité, les chiffres du premier trimestre 2025 traduisent l’incertitude planant sur la commerce mondial (conflits, droits de douane américains…). Les exportations françaises ont atteint 8,9 Md EUR (contre 9,5 Md au T1 2025) tandis que celles du Royaume-Uni sont passées de 6 Md EUR à 5,6 Md EUR.
« Reset » de la relation bilaterale
Pas de quoi inquiéter Chantana Sam. « Nous demeurons optimistes pour cette année car les échanges dans le secteur de la défense sont amenés à se développer », explique l’économiste. Réarmement de l’Allemagne et augmentation des budgets de l’armée dans d’autres pays européens, guerre en Ukraine… La défense et la sécurité ont déjà fait l’objet d’un partenariat entre Londres et Bruxelles, signé le 19 mai dernier lors du premier sommet UE-Royaume-Uni depuis le Brexit.
Si cet événement marque un nouveau départ dans les relations entre le Royaume-Uni et le continent, les relations bilatérales ne sont pas en reste. Emmanuel Macron effectuera en effet une visite d’Etat (une première en presque 20 ans) à Londres, du 8 au 10 juillet. Il coprésidera avec le Premier ministre britannique Keir Starmer le 37e sommet franco-britannique. L’occasion pour les deux pays de retisser des liens et de maintenir voire multiplier leurs échanges bilatéraux dans un contexte géoéconomique pour le moins difficile.
Sophie Creusillet