La visite de Bruno Le Maire au Maroc les 24 et 25 avril, a été l’occasion de relancer la coopération économique entre les gouvernements des deux pays et de booster un certain nombre de projets d’entreprises dans le domaine désormais prioritaire de la transition énergétique. Revue de détail des principales annonces.
Les principales annonces officielles effectuées par le ministre français de l’Économie, des finances, et de la souveraineté industrielle et numérique au cours de sa visite, notamment devant les 300 dirigeants d’entreprises françaises et marocaines réunis à Rabat pour un forum économique, le 26 avril, aux côté de son homologue marocaine Nadia Fettah Al Alaoui (notre photo en couverture), ont concerné le renforcement des partenariats de recherche et développement entre les institutions françaises et marocaines pour accélérer l’innovation en matière d’énergies renouvelables (ENR), d’hydrogène décarboné, de stockage.
Il s’agit des trois domaines prioritaires du nouveau partenariat stratégique en cours de construction entre Paris et Rabat. Elles concernent le financement, le soutien aux entreprises marocaines et françaises et la R&D.
L’AFD va prêter 350 M EUR à l’OCP

En matière de financement de ce partenariat énergétique, l’Agence française de développement (AFD), dont le Maroc est le premier pays d’exposition dans le monde, travaille avec l’Office chérifien des phosphates (OCP) à la mise en place d’un un prêt de 350 millions d’euros (M EUR) visant à appuyer le programme d’investissement « vert » du groupe marocain. « Ce soutien financier visera prioritairement les composantes hydrogène décarboné, développement des énergies renouvelables et formation du capital humain avec la prestigieuse institution de l’UM6P » précise-t-on de source française.
Concernant le soutien aux entreprises, c’est la mise en place d’un partenariat « qui se joue sur les deux rives de la Méditerranée », pour reprendre les mots de Bruno Le Maire. Il est concrétisé par un protocole d’accord signé entre Bpifrance et Innov X, une structure multisectorielle affilée au groupe OCP et engagée dans le développement d’entreprises et d’écosystèmes innovants et durables.
Dans ce cadre, les deux entités vont lancer un programme d’accompagnement dédié à la stratégie de décarbonation du groupe OCP et à ses ambitions dans la filière de l’hydrogène vert (plan d’investissement vert). Sept entreprises françaises, à l’avant-garde du savoir-faire français dans le secteur des ENR et de l’hydrogène vert, vont être amenées à étudier, comprendre et explorer les projets du groupe OCP afin d’initier des collaborations technologiques et commerciales permettant à l’OCP d’accélérer son plan de décarbonation industrielle (objectif d’un million de tonnes d’ammoniac vert d’ici 2030).
Enfin concernant la R&D, la visite du ministre français a été l’occasion du lancement officiel du projet porté par l’Iresen marocain (Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles) et la SATT Paris-Saclay (Société d’Accélération de Transfert Technologique du Cluster Paris-Saclay), grâce à un soutien public de 800 000 EUR. L’objectif du programme est de faire émerger deux à trois projets franco-marocains de recherche appliquée et d’innovation qui soutiendront le développement de la filière de l’hydrogène décarboné.
Le Maroc, futur client des panneaux solaires et mini réacteurs ?
Par ailleurs, d’après les reportages de presse, Bruno Le Maire a évoqué plusieurs pistes de coopération supplémentaires, qui n’ont pas fait l’objet d’accords formels lors de sa visite mais ont été des appels du pied lancés aux autorités marocaines.
Ainsi a-t-il évoqué la « complémentarité évidente » existant selon lui entre la filière française des panneaux photovoltaïques en cours de relance et les capacités « exceptionnelles » du Royaume en matière d’énergie solaire. Dans cet état d’esprit, pourquoi la France et ses futures giga-factory de Fos-sur-Mer et Sarreguemines ne pourraient-elles pas fournir le Maroc en panneaux, diversifiant ainsi les fournisseurs du pays, essentiellement chinois ?
Autre piste lancée par le ministre français, le nucléaire. Alors que le Maroc investit dans le dessalement d’eau de mer pour faire face au stress hydrique, une activité très énergivore, il pourrait se doter de petits réacteurs nucléaires modulaires en cours de développement en France, dont le premier prototype est attendu pour 2030. « Au gouvernement marocain de décider s’il peut être intéressé », a lancé Bruno Le Maire, selon Le Monde.
« Une étape dans le renforcement de la relation économique franco-marocaine a été franchie » a également estimé le patron de Bercy. Pour l’heure, des groupes de travail multidisciplinaires franco-marocains doivent se mettre en place pour faire avancer les projets.
C.G.