Passer du « quoi qu’il en coûte » au « quoi qu’il arrive » : tel est le mantra de la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, qui ne veut pas d’un nouveau dérapage budgétaire, en dépit de la guerre commerciale totale lancée par Donald Trump. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
La guerre commerciale venue d’outre-Atlantique devrait certes avoir un effet direct relativement faible sur la France, qui exporte moins vers les États-Unis que bon nombre de ses partenaires européens.
Selon les calculs de Moody’s, l’Irlande, la Slovaquie et l’Allemagne seront les plus pénalisés. Les coûts indirects, liés notamment à la perspective d’une baisse de la croissance mondiale ou à la redirection des produits chinois vers l’Union européenne (UE), pourraient toutefois toucher lourdement l’Hexagone.
Dans Le Parisien Dimanche, François Bayrou a estimé que la politique de Donald Trump pourrait coûter à la France plus de 0,5 % de PIB.
La ministre chargée des Comptes publics a par la suite nuancé ce chiffrage, évoquant plutôt un impact brut des droits de douane sur la croissance de 0,3 % à 0,5 % pour la France et l’Europe. Mais ces chiffres ne sont pas « bouclés », a-t-elle insisté, d’autres facteurs devant être pris en compte. Pas de quoi modifier l’objectif de maintenir le déficit public à 5,4% du PIB en 2025, selon Mme de Montchalin.
Reste à savoir si les secteurs les plus exposés aux sanctions américaines – automobile, viticulture, luxe, notamment – l’entendront de cette oreille.
Pour l’heure, l’exécutif s’est contenté d’inciter les entreprises françaises à stopper leurs investissements aux États-Unis, de lancer un dialogue structuré avec ces secteurs et de mettre en place des outils concrets visant à mieux informer les acteurs économiques de l’évolution de la situation et à proposer un accompagnement.
Paris pousse pour une réponse ferme
Sur le plan européen, Paris tente en outre de convaincre ses partenaires de répondre fermement à Donald Trump.
« Il ne faut exclure aucune option, sur les biens, sur les services [américains] et ouvrir la boîte à outils européenne, qui est très complète, qui peut être extrêmement agressive également en retour », a ainsi estimé lundi [7 avril] le ministre du Commerce extérieur français, Laurent Saint-Martin, en amont d’un conseil extraordinaire des ministres du Commerce des Vingt-Sept.
« L’objectif est d’arriver à une situation où le président Trump revienne sur sa décision », a quant à lui déclaré Emmanuel Macron mardi [8 avril]. « Si ca doit passer par un moment où l’on doit expliquer qu’on est prêt à répondre, il faudra assumer de le faire », a-t-il ajouté, soulignant que « la France, l’Europe n’a(vait) jamais voulu le chaos ».