Quelque 700 entrepreneurs ont assisté à l’ouverture du forum d’affaires Vision Golfe, les 4 et 5 juin au ministère de l’Economie. La deuxième édition de cet événement organisé par Business France passe en revue les grands projets et les secteurs priorisés par des pays à l’insolente santé économique.
Il y a foule devant le centre de conférence Pierre Mendès France. Entrepreneurs, officiels et représentants des différents gouvernements se pressent pour assister, le 4 juin, aux conférences et aux rendez-vous BtoB organisés pour cette seconde édition d’un Forum organisé pour la première fois en juin 2023. Avec la région Asie-Pacifique, les six pays du Golfe affichent une croissance à faire pâlir d’envie les États européens.
Selon les prévisions d’avril de la Banque mondiale, le PIB de l’Arabie saoudite devrait augmenter de 2,5 % cette année et de 5,9 % l’an prochain et celui de Émirats arabes unis de 3,9 % puis de 4,1 %. La croissance des économies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui a atteint 0,7 % en 2023, devrait s’établir cette année à 2,8 % et à 4,7 % en 2025.
Opération séduction
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui était au Qatar et aux Émirats arabes unis les 20 et 21 mai derniers, a souligné dans une vidéo introductive « la proximité de nos ambitions et le potentiel immense de notre collaboration ». Une collaboration qu’il souhaite voir s’épanouir en termes d’investissements en France, dans les secteurs liés à la lutte contre le réchauffement climatique et dans le cadre de la diversification économique de ces pays.
Il s’agit, selon le ministre, de « faire émerger des secteurs d’avenir à forte valeur ajoutée : les infrastructures, l’industrie, le tourisme, la santé et les technologies de pointe ; je pense en particulier à l’intelligence artificielle qui est un champ de coopération exceptionnel ». « Nous partageons des valeurs et une confiance commune », a renchéri le directeur général de Business France, Laurent Saint-Martin.
Si les entreprises tricolores sont présentes de longue date sur ces marchés, en particulier dans le pétrole, les infrastructures et le luxe, ils sont mis en place des plans de diversification qui nécessitent de coopérer avec des entreprises étrangères. Exemple avec la culture, nouveau credo de l’Arabie saoudite.
Les opportunités de la diversification
« Le royaume connaît des transformations sans précédent, sous l’impulsion du prince héritier, dans la politique, l’économie et sur le plan social », a déclaré Jean-Yves Le Drian. L’ancien ministre est depuis juillet 2023 à la tête de l’Afalula, l’Agence française de développement d’Al-Ula, chargée de la mise en valeur de ce site archéologique dans le nord-ouest du pays. Dans ce cadre plus de 200 acteurs économiques français ont signés pour 2,3 milliards d’euros de contrats.
Les opportunités d’affaires ne se résument pas pour autant aux grands projets pharaoniques de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. De l’agrotech à l’aérospatiale en passant par les villes durables, la transition énergétique, l’IA, les jeux vidéo, l’industrie alimentaire, les agroéquipements ou encore la défense et la sécurité, les possibilités sont nombreuses.
D’autant que chacune des six économies du CCG dispose de ses propres priorités. Au risque d’aiguiser la concurrence ? Pour Safa Sharif A. Khaliq, directrice générale d’Export Bahrain, « nous nous complétons plus que nous ne sommes en compétition ».
Bref, la France compte bien profiter de la bonne santé économique de la région et de ces projets de diversification.
Sophie Creusillet
Marseille-Fos signe un partenariat stratégique avec les ports saoudiens
A l’occasion de Vision Golfe 2024, Hervé Martel, directeur général du port de Marseille Fos, et Omar Hariri, président de Saudi Ports Authority (Mawani), ont paraphé un accord visant à intensifier leurs échanges. Il concerne le développement commercial, grâce au renforcement des réseaux commerciaux et des flux maritimes (en multipliant les contacts avec des chargeurs, transitaires et autres acteurs du commerce international sur les marchés du Moyen-Orient et de l’Asie), mais aussi la durabilité et l’innovation (réduction de l’impact environnemental des activités portuaires, notamment). Le partage d’expertise via les meilleures pratiques en matière de gestion portuaire et celui d’informations (en particulier sur les émissions de CO²) sont également évoqués dans ce document.
« Le port de Marseille Fos mène une politique offensive d’attractivité, a déclaré Christophe Castaner, président du conseil de surveillance du port. La concurrence entre les ports est réelle et nous poursuivons notre objectif d’être la porte d’entrée méditerranéenne vers l’Europe. En quelques semaines, après l’Algérie, le Chine (province du Guangdong) et aujourd’hui l’Arabie Saoudite, le Port s’installe comme un aboutissement d’évidence des différents corridors qui se mettent en place. »
S.C.