Pour l’avenir de Comexposium, premier acteur français des salons avec plus de 135 événements représentant 38 000 exposants et accueillant 3,5 millions de visiteurs par an, il était sans doute grand temps de bouger : « le départ d’Unibail-Rodamco au profit du britannique Chartehouse Capital Partners, qui a identifié les salons comme un secteur de croissance, va nous permettre d’investir dans Comexposium et de faire face à la concurrence mondiale », a ainsi expliqué à la Lettre confidentielle Jean-Yves Durance, administrateur de la société de foires basée à Paris et vice-président de la CCI Paris Ile-de France (CCIP IdF), en charge des Congrès et salons, après l’annonce, le 31 mars, de la cession par Unibail-Rodamco de ses parts dans Comexposium.
L’élu consulaire connaît bien le dossier : il préside également le conseil d’administration de Viparis, société créée parallèlement à Comexposium en 2008 par Unibail-Rodamco et CCIP IdF, qui regroupe une dizaine de parcs d’expositions et de congrès en Ile-de-France, dont les plus prestigieux (Paris Expo, Paris-Nord Villepinte, Paris Le Bourget, CNIT La Défense…). Les deux partenaires avaient fondé Comexposium et Viparis à parité égale, mais les salons ne figuraient pas dans le cœur du métier d’Unibail-Rodamco.
Spécialiste de l’immobilier, ce dernier a donc fini par céder les 50 % détenus dans Comexposium, valorisé ainsi à hauteur de 550-560 millions d’euros (hors participations des minoritaires de ses filiales et dettes), tout en se maintenant dans Viparis, « leader mondial dans la gestion de sites de congrès-expositions», d’après un communiqué de presse de CCIP IdF du 31 mars. D’ailleurs, la compagnie consulaire et le spécialiste de l’immobilier ont engagé conjointement 500 millions d’euros pour moderniser le parc de la Porte de Versailles, devant être achevé d’ici 2024.
Développer une stratégie de croissance externe en Amérique et en Asie
Pour Comexposium, cela va être l’occasion d’accélérer son déploiement à l’international. «Charterhouse et la CCI Paris-Ile-de-France ont déjà décidé de garantir chacun 50 millions d’euros de capital à Comexposium afin de répondre à ses besoins. Si nous ne négligerons pas les opportunités présentes en France et en Europe, notre ambition est bien de nous étendre dans le monde avec des acquisitions en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie », a encore confié Jean-Yves Durance à la LC.
Une très bonne nouvelle effectivement, car si Comexposium peut se targuer d’une quatrième place mondiale, sa part de marché est modeste, inférieure à 2 %, et les trois leaders semblent accroître leur avance depuis plusieurs années grâce à des politiques agressives de croissance externe.
Le numéro un incontesté, le britannique Reed Exhibitions, a, notamment en 2014, constitué la plus grande plateforme de salons au Mexique, en reprenant un acteur spécialisé, le groupe local Fidalex. Basé en Suisse, Informa a développé la même année le pôle Informa Beauty, après avoir racheté China Beauty Expo et lancé Beyond Beauty Asean. Enfin, UBM s’est emparé d’Advanstar, numéro trois aux États-Unis, se hissant ainsi au premier rang national pour les salons professionnels, avec une présence très forte dans le textile et la mode.
La recherche de complémentarités sectorielles
« Nous recherchons les complémentarités », délivre aussi Jean-Yves Durance à la LC. Ce peut-être dans l’agroalimentaire, secteur traditionnellement fort de Comexposium, qui décline, par exemple, la marque Sial (Salon international de l’alimentation) dans dix pays à l’étranger. Ou des secteurs de croissance, nouveaux donc fortement concurrentiels, comme le numérique. « Charterhouse a déjà travaillé sur la stratégie et les acquisitions possibles. On va échanger et réfléchir également, d’ores et déjà, à l’intégration éventuelle de cibles », précise l’élu consulaire, conscient qu’en s’étendant à l’international, « on est aussi plus fort» pour conforter ses positions à Paris et renforcer ses grands salons, en y attirant toujours plus d’exposants et de visiteurs étrangers.
Créé par la banque HSBC à Londres en 1982, le fonds d’investissement britannique Charterhouse a été retenu après une sélection en trois étapes : 1) la remise d’un mémorandum d’informations à 23 acheteurs potentiels 2) le dépôt par dix d’entre eux, fin janvier, d’une proposition indicative et 3) la réception des offres le 19 mars, étape au terme de laquelle Charterhouse l’a emporté au détriment « d’un autre fonds d’investissement », consent à lâcher Jean-Yves Durance, sans vouloir confirmer aucun nom : Ardian, CDC International ?
La compagnie consulaire a dû accepter que Charterhouse soit majoritaire, de 0,1 à 0,4 %, et dispose de la majorité des postes d’administrateur (4 sur 7). En outre, 2 % du capital (sans droit de vote) devraient être attribués au management pour l’associer à la croissance de l’entreprise. En fait, le comité exécutif restera inchangé. En particulier, Renaud Hamaide, actuel directeur général de Comexposium et Viparis, conservera sa double casquette.
François Pargny